Financement américain d’ITER : des incertitudes en passe d’être levées ?
Dans un contexte où le Sénat américain souhaiterait ne rien donner pour ITER en 2018, un rapport préliminaire pointe les difficultés qu’auront les Etats-Unis à poursuivre efficacement sur la fusion s’ils s’en retiraient.
2018 débute avec toujours des incertitudes pour ITER aux Etats-Unis…
Alors que début décembre, l’Organisation ITER annonçait que 50% de l’ensemble des activités indispensables pour produire le premier plasma avait été réalisé, les financements américains pour 2018 restent toujours incertains. Alors que la phase de réconciliation budgétaire entre l’administration américaine et le Congrès est amorcée pour trouver un accord sur le budget fédéral 2018, le Sénat souhaiterait ne rien donner (nécessité générale de faire des économies) et la Chambre demande 63 M$, en dessous de ce qui serait nécessaire pour que les Etats-Unis respectent leurs engagements. C’est dans ce contexte difficile que Bernard Bigot, DG d’ITER, était présent en décembre à Washington pour essayer d’influer sur les décisions. Il semble aujourd’hui à peu près admis que la valeur finale ne sera pas nulle.
…mais déjà 2019 s’annonce plus positive
Les National Academies of Sciences, Engineering and Medicine viennent en effet de publier un premier rapport (“Interim report of the committee on a strategic plan for U.S. burning plasma research”) qui examine l’état et le potentiel de la fusion aux Etats-Unis et fait des recommandations pour établir une stratégie long-terme qui manque cruellement. En 2016, le Secrétaire à l’énergie E. Moniz avait prévu que pour le budget 2019 une expertise d’ITER serait nécessaire pour vérifier que le projet était toujours bien dans l’intérêt américain et qu’éventuellement soit reconsidérée la participation américaine.
Le rapport préliminaire qui vient d’être produit pointe du doigt les difficultés qu’auront les Etats-Unis à poursuivre efficacement sur la fusion s’ils se retiraient d’ITER. Il note que le manque de stratégie nationale, les récentes fermetures d’expériences (non remplacées) et la réduction des efforts de développement sont autant de menaces pour ce domaine aux Etats-Unis. Il insiste sur les risques d’isolement des scientifiques américains par rapport à la communauté internationale, si les Etats-Unis sortaient du projet, ce qui obligerait le pays à se doter d’une nouvelle stratégie de recherche sur la fusion. De toute évidence, celle-ci se révèlerait moins cost-effective que ITER. S’il faudra encore attendre le rapport final pour avoir accès aux recommandations détaillées, cette première version en donne déjà bien les contours.
Cet article est un résumé d’articles parus dans la presse. Il n’engage en aucun cas ni la responsabilité de l’Ambassade de France aux Etats-Unis, ni celle de son Service nucléaire.
Crédit photo : DOE
Légende : Coupe schématique du tomakak du projet ITER