Séisme : fallait-il arrêter la centrale du Tricastin ? - Sfen

Séisme : fallait-il arrêter la centrale du Tricastin ?

Publié le 3 octobre 2017 - Mis à jour le 28 septembre 2021

La semaine passée, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a imposé à EDF la mise à l’arrêt provisoire de la centrale nucléaire du Tricastin. En cause, la non-conformité d’une portion de digue de protection située sur le canal de Donzère-Mondragon vis-à-vis du nouveau référentiel de sûreté.

Une digue bâtie pour résister à un séisme millénal…

« La digue résisterait au séisme le plus important recensé depuis 1 000 ans dans un rayon de 50 km autour de la centrale » souligne Philippe Sasseigne, directeur du parc nucléaire d’EDF.

L’exploitant fait ici référence aux « SMHV », les Séismes maximaux historiques, considérés comme les séismes les plus pénalisants susceptibles de se produire.

… mais pas pour un séisme cinq fois supérieur au séisme millénal

Les exigences de l’ASN vont plus loin que le référentiel « historique » SMHV. Après le séisme et le tsunami de Fukushima en 2011, l’autorité a réhaussé son niveau d’exigence en établissant le Séisme majoré de sécurité (SMS). Un séisme hypothétique d’une énergie cinq fois supérieure à celle du SMHV.

Pour Christophe Kassiotis, directeur des déchets, installations de recherche et du cycle, de l’ASN, cette majoration permet de couvrir d’éventuelles incertitudes sur les données historiques.

 


Pas de raison d’arrêter les réacteurs selon l’exploitant


EDF n’a pas pu prouver la robustesse au référentiel SMS sur la totalité de la digue. La digue (longue de 4km) a su démontrer sa résistance au critère SMVH. Seuls 400 mètres n’ont pu démontrer leur résistance au SMS. L’ASN, autorité indépendante, a donc exigé l’arrêt de la centrale tant que la situation ne serait pas rétablie.

Des mesures compensatoires mises en place dès cette semaine

D’ici la fin du mois d’octobre, des travaux de renforcement de la digue seront réalisés, a précisé le Philippe Sasseigne d’EDF.

Afin d’obtenir rapidement le feu vert de l’ASN pour le redémarrage de ses quatre tranches, l’exploitant installe actuellement un muret de protection périphérique qui empêchera l’eau d’arriver au niveau des réacteurs en cas de séisme SMS.

EDF a indiqué à plusieurs reprises qu’il ne partageait pas la position de l’ASN : selon l’électricien ces travaux auraient pu être engagés sans que la centrale ne soit arrêtée. 

 

Tenue de la digue de la centrale du Tricastin en cas de séisme majoré de sécurité (SMS)*

Tenue de la digue de la centrale du Tricastin en cas de séisme majoré de sécurité (SMS)

 

Crédit photo : FHAL ROBERT / EDF


Par Boris Le Ngoc (SFEN)