Les écologistes belges revoient leur copie sur le nucléaire
Le gouvernement belge confirmait en décembre dernier la fermeture de sept réacteurs nucléaires. Mais la crise en Ukraine et celle des marchés de l’énergie poussent les écologistes belges, membres de la coalition gouvernementale, à changer leur position sur l’atome. Ils se prononcent pour la prolongation de certains réacteurs nucléaires.
La sortie progressive du nucléaire est inscrite dans la loi en Belgique depuis 2003 et la dernière échéance retenue est l’année 2025 pour arrêter l’ensemble des réacteurs du pays. Dans le cadre d’un accord de coalition en octobre 2020, le gouvernement actuel s’était engagé à respecter cette fermeture sous la pression des partis verts (Ecolo et Groen).
Mais la conjoncture géopolitique et économique change la donne. Véritable retentissement dans le milieu écologiste belge, Jean-Marc Nollet (Photo), vice-président du parti Écolo (historiquement antinucléaire) invite « tous les pays » à « réévaluer leur stratégie énergétique. Il annonce l’adaptation de la position du parti en se prononçant « pour la prolongation de deux réacteurs nucléaires au-delà de 2025 ».
Avis de l’Autorité de sûreté
Au même moment, la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz (CREG) dans une note communiquée à la ministre Tinne Van der Straeten (Groen) s’oppose à la sortie du nucléaire. Elle met en garde contre le « pouvoir commercial inquiétant » de la Russie et appelle le gouvernement à ne pas augmenter la dépendance de la Belgique au gaz.
Bien que le premier frein, la volonté politique, semble évoluer sur le sujet. L’autorité de sûreté nucléaire belge (l’AFCN) doit encore se prononcer. Si le gouvernement souhaite maintenir les réacteurs nucléaires de Doel 4 et de Tihange 3 des travaux pourraient être nécessaires.
L’opinion belge semble soutenir ce mouvement : il ressort d’un sondage publié fin février que les Belges sont majoritairement pour la prolongation des centrales nucléaires à hauteur de 67 %.
Ce même débat apparaît en Allemagne depuis le début de la crise ukrainienne. Le pays qui a arrêté trois réacteurs fin 2021, doit fermer ses deux unités restantes en fin d’année. Interrogé sur le calendrier de sortie du nucléaire lors d’une session parlementaire extraordinaire, le ministre vert Robert Habeck a répondu : « Répondre à cette question fait partie des tâches de mon ministère. Je ne la rejetterais pas pour des raisons idéologiques ». Le Grünen a ensuite ajouté : « l’examen préliminaire a montré qu’un prolongement ne nous aiderait pas ».