Fusion : la bobine géante russe est arrivée à Iter
Une bobine poloïdale – le plus grand composant produit en Russie pour le projet multinational de fusion nucléaire – a terminé son voyage vers le site de construction du réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER) en France.
Malgré le conflit en Ukraine, la participation de la Russie au projet international de fusion nucléaire Iter continue. La bobine poloïdale PF1 a quitté le port russe de Saint-Pétersbourg le 1er novembre dernier pour rejoindre la France avant d’emprunter une route sélectionnée pour le transport de charges géantes. Elle est arrivée sur place le 13 février 2023. Cette bobine, d’un diamètre de 9 mètres et d’un poids de 200 tonnes, est l’une des six bobines du champ poloïdal du système magnétique qui sert à contenir le plasma dans le tokamak Iter.
Le directeur général de Rosatom, Alexei Likhachev, a déclaré : « Les meilleurs spécialistes russes ont participé à la création de la bobine PF1. Ils ont développé des technologies, des méthodes et des solutions de fabrication avancées. Je tiens particulièrement à souligner qu’à l’intérieur, au cœur de la bobine, se trouve un supraconducteur russe… Le projet ITER est un exemple frappant de la coopération internationale, scientifique et technique la plus étroite ».
De son côté, le directeur général d’ITER, Pietro Barabaschi, explique : « Nous sommes heureux que la Russie ait mené à bien la production et la fourniture de la bobine de champ poloïdal. Les aimants supraconducteurs destinés à Iter exigent une précision sans précédent. Ils sont produits dans six pays – la Chine, la France, l’Italie, le Japon, la Russie et les États-Unis – ce qui a rendu la tâche encore plus difficile, mais a également contribué à la création d’un corpus commun de connaissances au niveau mondial ».
Projet retardé
Pour mémoire, trente-cinq nations collaborent à la construction d’Iter. L’Union européenne (y compris le Royaume-Uni) prend en charge près de la moitié du coût de sa construction, tandis que les six autres membres (Chine, Inde, Japon, Corée du Sud, Russie et États-Unis) contribuent à parts égales au reste. La construction a commencé en 2010 et la date cible initiale de 2018 pour le premier plasma a été repoussée à 2025 par le conseil d’ITER en 2016, mais elle est actuellement en cours de révision.
En effet, en novembre dernier, le groupement Iter a annoncé la découverte de fissures sur le bouclier thermique et la cuve à vide de l’installation. Le phénomène est expliqué par le pliage et le soudage des tuyaux de fluide de refroidissement sur les panneaux du bouclier thermique « aggravé par une réaction chimique lente due à la présence de résidus de chlore dans certaines petites zones près des soudures des tuyaux ». Si les réparations s’avèrent complexes, il est estimé qu’il est encore possible de réparer ces anomalies, même si le nouveau calendrier reste à préciser. ■