Corrosion sous contrainte : EDF va contrôler 69 soudures réparées - Sfen

Corrosion sous contrainte : EDF va contrôler 69 soudures réparées

Publié le 17 mars 2023 - Mis à jour le 22 mars 2023

La découverte d’une fissure par corrosion sous contrainte dans le réacteur de Penly 1 sur une zone considérée peu sensible a permis de mieux comprendre le phénomène. L’existence de soudures réparées lors de la construction du réacteur est un facteur aggravant. EDF révise donc son plan de contrôle en mettant l’accent sur 69 soudures du parc, dont plus de 90 % seront contrôlées d’ici fin 2023.

Début 2023, EDF a découvert un phénomène de corrosion sous contrainte (CSC) ayant entrainé une fissure importante sur un tuyau du circuit d’injection de sûreté (RIS) du réacteur Penly 1. L’identification de cette anomalie a été réalisée dans le cadre du plan de surveillance du parc suite au phénomène générique de CSC identifié au cours de l’année 2022. Mais dans ce cas, la CSC a été localisée dans une zone considérée comme peu sensible.

Jusque-là, la raison majeure de la CSC était liée à la géométrie des lignes des réacteurs. Cela concernait en particulier les plus récentes unités du parc. Dans le cas de Penly, la CSC a une autre origine, comme l’a expliqué Julien Collet, directeur adjoint de l’ASN dans un point presse jeudi soir. Elle touche une soudure qui a fait l’objet d’une double réparation lors de la construction du réacteur. Régis Clément, directeur adjoint du parc nucléaire d’EDF explique que « la soudure a été faite trois fois (deux réparations, ndr) et cela a généré un niveau de contrainte singulier ».

69 soudures à contrôler

L’évolution de la compréhension du phénomène de CSC a amené l’ASN à demander à EDF de réviser sa stratégie de contrôle et de réparation. Cette révision a été soumise le 10 mars dernier. Elle va accélérer la surveillance des soudures réparées lors de la construction des réacteurs. EDF a classé les soudures de son parc par ordre de priorité. Cela a été rendu possible grâce aux « rapports de fin de fabrication », véritables cartes d’identité de chaque soudure. L’électricien a identifié 69 soudures qui doivent faire l’objet d’un contrôle prioritaire. Ainsi 92 % seront contrôlées d’ici fin 2023 et le solde d’ici mars 2024.

Au total, il y a 320 soudures réparées sur le parc. Mais une partie d’entre elles vont « disparaitre » dans le cadre du plan de remplacement de tronçons des circuits d’injections de sûreté prévue dans la stratégie initiale d’EDF. Quant aux autres, jugées moins prioritaires, 60 % seront inspectées en 2023 et le reste lors des arrêts de tranches en 2024 et 2025. « Le (nouveau) plan d’EDF va dans le bon sens. Nous avons encore besoin d’échange sur la justification du calendrier », juge Julien Collet. Il explique en particulier que l’ASN s’interroge sur cinq réacteurs (sans les citer) qui ne seront contrôlés qu’au-delà du second semestre 2023.

Une production maintenue

Pour ce qui est de la justification de sûreté, EDF rappelle qu’elle n’a, à aucun moment, était remise en cause. « Sur ces circuits, on a une redondance. Et les études de sûreté vérifient que la rupture d’une ligne d’injection de sûreté ne fait pas perdre la capacité à refroidir le cœur en cas d’accident ». Concernant la production d’EDF, le plan révisé « ne nécessite pas de modification de programmation des arrêts de réacteurs, que ce soit pour 2023 ou 2024 », assure Régis Clément. EDF maintient donc son estimation de production d’électricité nucléaire pour 2023, entre 300 et 330 térawattheures. Une vision corroborée par RTE. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Photo : Centrale de Penly – @ Lou BENOIST / AFP