La centrale de Brennilis en route vers son démantèlement total
La centrale de Brennilis en Bretagne, unique réacteur à eau lourde refroidi au gaz construit en France, a reçu l’autorisation d’entamer son démantèlement total. Les deux premières phases du démantèlement partiel avaient été achevées dès 2005, 20 ans après la mise à l’arrêt du réacteur.
38 ans après sa mise à l’arrêt, la centrale de Brennilis dans les Monts d’Arrée en Bretagne va pouvoir entamer sa troisième et dernière phase de déconstruction. Le 26 septembre 2023 a été publié au journal officiel le texte qui permet à EDF de procéder aux « opérations de démantèlement de l’installation nucléaire de base n° 162, dénommée EL4-D, installation d’entreposage de matériels de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée-EL 4 ». Une annonce importante qui va permettre de démonter intégralement le bloc réacteur et de viser le « retour au vert ».
Cédric Lewandowski, directeur du parc nucléaire et thermique chez EDF, explique sur Linkedin : « À l’arrêt depuis 1985, la centrale nucléaire de Brennilis, implantée au centre de la Bretagne, va entamer la dernière phase de sa déconstruction. Ce 26 septembre 2023, le site a en effet obtenu le décret de démantèlement complet, signé par la ministre de la Transition énergétique, qui permet de lancer le démantèlement du bloc réacteur, l’assainissement du génie civil, la démolition de l’enceinte réacteur et la réhabilitation finale du site ».
Un réacteur unique en France
Il précise : « La déconstruction finale de Brennilis est une opération complexe. En effet, ce prototype unique en France, de technologie « Réacteur à Eau Lourde », est contenu dans un cube de béton de 20 mètres de côté et de 1,5 mètre d’épaisseur. À l’intérieur, les équipements à démanteler sont fortement imbriqués dans un espace très exigu. Pour réaliser ces travaux dans les temps et pour garantir la protection du personnel, la Direction des Projets Déconstruction et Déchets d’EDF (DP2D) travaille avec ses partenaires industriels sur des solutions innovantes de télé-opération et de robotique ».
C’est une étape de 15 ans qui s’ouvre pour ce chantier, qui est un cas unique en France. Ce réacteur mis en service en 1966 est le seul modèle de son type dans le pays. Il s’agit d’un réacteur à eau lourde refroidi au gaz de 75 MW, utilisant de l’uranium naturel. Cette filière sera abandonnée à la faveur de la technologie plus fiable et plus performante des réacteurs à eau pressurisée.
Si les deux premières phases de démantèlement ont été terminées dès 2005, le site a connu une longue série de stop and go jusqu’en 2023 avant de pouvoir entamer la phase finale de la déconstruction. Ce site est aussi connu pour avoir été la cible de deux attaques à la bombe en 1975 et 1979 par le Front de Libération de la Bretagne (FLB). Les explosions endommageront des équipements, mais sans conséquences radiologiques. ■