L’énergie nucléaire en Finlande : la « meilleure des politiques climatiques »
Le 26 mars 2021, l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection finlandaise (STUK) a autorisé le chargement du combustible dans le réacteur EPR d’Olkiluoto (OL3). Une annonce accueillie avec un énorme soulagement par l’exploitant TVO, par Areva en charge de la construction, mais aussi par de nombreux élus. Sensible à la nécessité absolue de réduire rapidement ses émissions de CO2, la Finlande considère clairement l’énergie nucléaire comme une des solutions majeures pour y parvenir.
La Finlande se distingue par une consommation d’énergie primaire très élevée, supérieure à la moyenne des pays développés de l’OCDE, due pour une grande part à l’industrie (46 % de la consommation d’énergie). Ce pays s’appuie sur une part importante d’énergies renouvelables et de nucléaire, respectivement de 34 % (principalement la biomasse) et de 19 %. La part des combustibles fossiles reste, quant à elle, très élevée : pétrole (21 %), gaz naturel (6 %), charbon (6 %), tourbe (3 %). Néanmoins, le pays s’est fixé des objectifs climatiques ambitieux pour 2030 : parmi eux notamment, la réduction de moitié de la consommation de pétrole, l’interdiction du charbon et de la tourbe dans la production d’électricité (responsables en grande partie des émissions de CO2), l’utilisation de 30 % d’énergies renouvelables pour les transports, etc. Dans cet éventail de solutions, le nucléaire est également privilégié pour la production d’électricité décarbonée et pour une éventuelle production d’hydrogène. La Finlande s’intéresse aussi de près aux SMR (Small modular reactors), appropriés pour remplacer les centrales à charbon qui alimentent le chauffage urbain.
L’EPR finlandais, un outil de taille pour atteindre les objectifs bas carbone du pays
S’agissant d’OL3, ce réacteur deviendra une fois mis en production le plus grand réacteur nucléaire opérationnel d’Europe et la plus grande centrale de production électrique des pays nordiques et baltes. Avec une puissance de 1600 MW, il devrait fournir 13 TWh d’électricité par an, pendant au moins 60 ans. La part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité finlandaise passera alors de 34 % [1] à plus de 40 %. Ministre des Affaires économiques, Mika Lintilä, considère ainsi le nouveau feu vert de STUK comme une excellente nouvelle, OL3 étant « une étape vers la production d’électricité propre à grande échelle, qui réduira les émissions de gaz à effet de serre de la Finlande de plusieurs millions de tonnes. Dans le même temps, la part de la production d’électricité à zéro émission en Finlande passera à 90 % ».
Matias Marttinen, député de la région de Satakunta [2], se réjouit lui aussi de cette nouvelle étape. Outre une amélioration de l’autosuffisance énergétique du pays et l’augmentation d’une production d’électricité qualifiée de « propre et de meilleure politique climatique en Finlande », « l’énergie nucléaire apporte[ra] beaucoup d’emplois à notre province directement et indirectement ». Du côté de l’exploitant, Jarmo Tanhua, PDG de TVO, ne cache pas son soulagement de voir le chargement du combustible effectué, une concrétisation de plus de la « plus grande loi environnementale de Finlande ». En plus de l’équipe française pilotée par Areva, la France continuera à être présente sur OL3 pour la maintenance avec Framatome qui, entre autres, a signé un contrat de services de long terme avec TVO fin 2019.
2020 (34,7 % en 2019 et 33,9 % en 2020).
Région où sont implantés les réacteurs nucléaires d’Olkiluoto, plus précisément sur l’île du même nom, à 40 km au sud de Pori, dans le golfe de Botnie à l’ouest du pays.