Le géant indien mise sur le nucléaire
Forte d’1,3 milliard d’habitants, l’Inde est le troisième producteur d’électricité dans le monde mais 25 % de sa population n’a toujours pas accès à l’électricité. Ce colosse asiatique aux pieds d’argile doit faire face à des défis sanitaires, écologiques et économiques majeurs. Pour ce faire, il mise sur l’énergie nucléaire avec, entre autres, l’aide technologique de la France.
La production d’électricité indienne repose majoritairement sur les énergies fossiles, en particulier le charbon (56,6 % en 2018 selon le ministère de l’Électricité). Or, la hausse du niveau de vie moyen de la population entraîne avec elle celle des besoins en électricité, notamment dans les secteurs du transport et du logement.
En 2018, le gouvernement a annoncé le lancement d’un programme ambitieux, le « National Clean Air », qui vise à réduire les émissions de CO2 de 20 à 30 % d’ici à 2024. Plus d’une centaine de villes font partie du programme, l’Inde ayant un des niveaux de pollution de l’air les plus élevés au monde.
Le pays veut s’engager vers une transition énergétique fondée sur une production plus vertueuse. La puissance installée des énergies renouvelables (hydroélectricité, solaire, éolien, biomasse) devrait être multipliée par quatre d’ici 2022 parallèlement au développement d’un socle pilotable bas carbone, le nucléaire.
La solution nucléaire
Pour l’heure, le nucléaire ne représente que 2 % du mix énergétique national. L’objectif du gouvernement indien est d’atteindre 22,48 GW de capacité nucléaire d’ici 2032, contre 6,78 GW actuellement. Le 10 janvier 2021, le réacteur Kakrapar 3 a été connecté au réseau portant le parc nucléaire indien à vingt-trois tranches. Il s’agit du premier réacteur à eau lourde sous pression (PHWR) de 700 MW à être connecté au réseau électrique du pays. Selon l’ancien secrétaire du Département de l’énergie atomique, Anil Kakodkar, d’autres unités devraient suivre dans les prochaines années, à commencer par Kakrapar 4, de 700 MW également, dont la mise en service est prévue d’ici fin 2021. Avec neuf réacteurs en cours de construction, l’Inde occupe ainsi la 2e place après la Chine en termes de nombre de réacteurs en construction dans le monde.
Jaitapur, le projet franco-indien de « nouveau nucléaire »
Dans ce contexte, EDF est en négociation avec l’exploitant Nuclear Power Corporation of India (NPCIL) pour un projet qui vise la construction de six réacteurs de technologie EPR à Jaitapur dans l’État du Maharashtra. D’une puissance installée d’environ 10 GW, le projet générera jusqu’à 75 TWh d’électricité décarbonée pour alimenter plus de 70 millions de foyers indiens (sur la base d’une consommation électrique, encore basse en Inde, d’un foyer de trois personnes), évitant ainsi l’émission de près de 80 millions de tonnes de CO2 par an. EDF et NPCIL ont signé un accord de coopération industrielle en mars 2018 qui a permis la remise d’une offre technico-commerciale par EDF en décembre 2018.
La remise d’une offre engageante est prévue dans le courant de l’année 2021 avec une cible de signature de contrat dans les mois suivants, ce qui, selon EDF, permettra de lancer les activités d’exécution du projet.