Climat. La BEI financera toutes les énergies bas carbone, dont le nucléaire
La Banque européenne d’investissement (BEI) a rendu publique, le vendredi 13 novembre 2020, sa feuille de route climatique 2021-2025. En cohérence avec son ambition de devenir une véritable « banque du climat », la BEI financera les projets de recherche dans l’énergie nucléaire.
C’est une affaire qui ne date pas d’aujourd’hui mais elle est peut-être sur le point de se concrétiser. En 2019, la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait promis la création d’une banque du climat, censée permettre à tous les pays membres de l’Union d’atteindre les objectifs climatiques inscrits dans l’Accord de Paris. Emmanuel Macron lui-même avait plaidé pour la création d’une telle institution lors de la campagne présidentielle de 2017.
Seulement, créer une banque du climat ex-nihilo, au regard des besoins colossaux d’actifs nécessaires, paraissait impossible. C’est alors que la BEI, par la voix de son vice-président Ambroise Fayolle, s’est saisie de l’opportunité. Créée en 1958, et siégeant au Luxembourg, la BEI est l’institution de financement de l’Union européenne et a pour actionnaires les États membres de l’UE. Il ne faut pas la confondre avec la Banque centrale européenne qui gère l’euro, maintient la stabilité des prix et met en œuvre la politique économique et monétaire de l’UE.
Afin de devenir une véritable « banque du climat », les Etats membres, France en tête, veulent pousser la part des financements accordés à des projets climatiques à hauteur de 50 % des investissements de la BEI. Pour l’heure, elle n’est que de 25 %.
Une approche technologiquement neutre
Il y a un an déjà, en novembre 2019, la BEI avait acté la fin du financement de projets d’énergies fossiles d’ici fin 2021, et le gaz d’ici 2022. Mais aujourd’hui, la publication de sa feuille de route climatique vient détailler sa stratégie.
Concernant le nucléaire, l’information aurait pu passer inaperçu, mais en parcourant l’annexe de la feuille de route, plus précisément la section 1, partie A, nous découvrons un tableau résumant les projets considérés comme étant compatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris dans le secteur de l’énergie. Dans ce tableau, les projets de « Recherche, développement, démonstration et commercialisation de technologie innovante à faible émission de carbone, y compris les énergies renouvelables, le captage et le stockage du carbone (CSC), la fission et la fusion nucléaires, la conversion et le stockage des énergies renouvelables et toutes les solutions TIC associées » seront considérés comme éligibles à un soutien financier de la part de la BEI.
Ainsi les gouverneurs de la BEI adoptent une approche technologiquement neutre, considérant toutes les options possibles pour lutter contre le changement climatique.
Pour rappel, pour atteindre ses objectifs climatiques à l’horizon 2030, les besoins en décarbonation de l’UE sont estimés entre 175 et 290 milliards d’euros par an.