Pays-Bas : le retour en grâce du nucléaire - Sfen

Pays-Bas : le retour en grâce du nucléaire

Publié le 13 novembre 2020 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Dans un pays encore fortement tributaire de ses ressources fossiles pour produire de l’électricité, la question de l’énergie nucléaire revient avec force dans le débat public néerlandais. Le gouvernement a ainsi annoncé le 22 septembre qu’une consultation publique sur la construction de nouvelles unités nucléaires allait être lancée.

C’est une petite musique qui monte. Depuis plusieurs années maintenant, les débats sur les atouts de l’énergie nucléaire resurgissent aux Pays-Bas. Un sondage [1] du 7 novembre 2018 révèle que 54 % des Néerlandais sont favorables à l’utilisation de l’énergie nucléaire dans le mix électrique contre seulement 35 % d’avis contraires. 

La même année, l’humoriste Arjen Lubach parodiait, dans un sketch diffusé à la télévision, les incohérences des discours écologistes anti-nucléaires et la faiblesse des énergies renouvelables intermittentes. La vidéo frôle aujourd’hui les deux millions de vues sur YouTube.

Un mix électrique fortement carboné

Les Pays-Bas sont un grand pays producteur de gaz naturel. Le gisement de Groningue, découvert en 1959, est le plus grand d’Europe de l’Ouest. De cette manne naturelle a découlé une politique historiquement favorable à l’utilisation de cette énergie fossile. Le gaz représentait à lui seul 58% du mix électrique en 2019.

Pourtant, le Premier ministre Mark Rutte a déclaré la fin de l’extraction de gaz naturel à horizon 2030 ainsi que la sortie progressive du charbon, qui représente toujours 15% du mix électrique. Deux usines sur cinq doivent fermer avant 2025 et les trois autres avant 2030.

Une consultation publique sur le nouveau nucléaire

Depuis la fermeture de l’ancienne centrale nucléaire de Dodewaard en 1997, les Pays-Bas ne disposent plus que d’une seule tranche en fonctionnement, celle de Borssele, au sud-ouest du pays, d’une capacité de 500 MW. Ce réacteur à eau pressurisée ne représentait que 3,1% du mix électrique en 2019.

Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir de la nouvelle coalition de droite en 2017, la question d’une renaissance de l’énergie nucléaire est régulièrement abordée par les partis politiques de la majorité. Derniers débats en date, ceux des journées parlementaires des 16 et 17 septembre 2020 où plusieurs partis ont appelé à « sérieusement se pencher » sur la question du nucléaire. Plus précisément, les parlementaires du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) et ses alliés démocrates-chrétiens souhaitent passer en revue les modèles de financement pour la construction de nouvelles capacités nucléaires. Ils ont appelé le gouvernement à « subventionner le nucléaire, comme il le fait avec l’éolien et le solaire».

Quelques jours à peine après ces journées parlementaires, le gouvernement a publié le 22 septembre un rapport sur le rôle possible du nucléaire dans le futur mix électrique national, et s’apprête à lancer une grande consultation publique sur la construction de nouveaux réacteurs. Le processus de renaissance du nucléaire néerlandais semble bel et bien lancé.

Fin novembre, l’exploitant de la centrale nucléaire de Borssele, EPZ (Elektriciteits Produktiemaatschappij Zuid-Nederland) a déclaré souhaiter prolonger l’activité de la centrale de vingt ans et de surcroit, la constructions de nouveaux réacteurs.


Par Maruan Basic, Sfen – © Shutterstock