Le Brésil, en quête de sécurité énergétique - Sfen

Le Brésil, en quête de sécurité énergétique

Publié le 10 mars 2020 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Dans le cadre de l’établissement du Plan national énergie (PNE-2050), le Brésil souhaite diversifier son mix électrique en augmentant la part du nucléaire.

Lorsqu’il prend ses fonctions en janvier 2019, le président brésilien Jair Bolsonaro a l’objectif de sécuriser l’apport en énergie au pays avec d’un côté de nouveaux projets hydroélectriques sur l’Amazone et, de l’autre, la finalisation de la construction du troisième réacteur nucléaire de l’unique centrale nucléaire du pays, Amiral Alvaro Alberto, aussi appelée Angra, dans l’État de Rio de Janeiro. En 2018, la part du nucléaire dans la production électrique représentait un peu moins de 3 % avec les deux réacteurs Angra-1 (640 MWe) et Angra-2 (1355 MWe) pour une production brute d’électricité de 15,7 TWh (16 TWh en 2019). L’hydro-électrique représente la majeure partie de la production, avec 70 % du mix électrique brésilien, une dépendance dont le réseau a été victime en 2001 et 2009.

La sécurité d’approvisionnement sous tension

Déjà en 2001, la faible pluviométrie avait mis le réseau sous tension, obligeant le gouvernement à freiner la consommation électrique des particuliers comme des industriels, ralentissant ainsi la croissance économique de la 9e puissance économique mondiale [1]. En novembre 2009, une rupture des lignes à haute tension du barrage d’Itaipu, situé à la frontière avec le Paraguay, provoquait une coupure d’électricité dans 18 des 26 États brésiliens, plongeant ainsi le pays dans le noir pendant plusieurs heures. Ces mésaventures ont relancé, dès 2009, le projet Angra-3 (1405 MWe) avec la volonté de construire d’importantes capacités disponibles et pilotables. Bien que les origines du projet remontent au milieu des années 1980, il ne se concrétise qu’en juin 2010, avec la coulée du premier béton. Suite au scandale Petrobras, le chantier va être de nouveau interrompu en 2015 [2].

Priorité à l’augmentation de la capacité installée

Cette priorité se résume en trois mots : finalisation, prolongation et construction.

Premièrement en effet, la construction d’Angra-3 doit reprendre en 2020 pour une mise en service du réacteur en 2026. EDF, le chinois CNNC et le russe Rosatom sont en concurrence pour finaliser [3] la construction du troisième réacteur à eau pressurisée brésilien qui produira l’équivalent de 50 % des besoins électriques de la ville de Rio.

Deuxièmement, Westinghouse et Eletronuclear ont signé un accord de coopération le 3 février 2020 afin d’assurer la prolongation de la durée d’exploitation d’Angra-1 [4] de 40 à 60 ans en toute sûreté.

Troisièmement, le gouvernement vise également la construction de nouveaux réacteurs pour un total de 6 GW (probablement 6 x 1 GW) dans la région du Nordeste. En décembre 2019, Reive Barros Dos Santos, secrétaire à la Planification et au développement de l’énergie, a réaffirmé l’intérêt du gouvernement pour l’énergie nucléaire, soulignant que le Brésil possédait la 8e plus grande réserve d’uranium du monde (5 % des réserves mondiales) et en était le 14e producteur. De quoi s’assurer une réelle indépendance d’approvisionnement en combustible.


Selon les données de la Banque mondiale, 2018.

Ce scandale a touché les entreprises du BTP organisées en cartel, ainsi que les entreprises publiques liées à l’énergie et de membres du gouvernement, sous le mandat présidentiel de Dilma Rousseff.

Selon Eletronuclear, 60 % du génie civil ont été réalisés.

Angra-1 a été connectée au réseau en 1985 (35 ans).


Par la rédaction – Photo : © Nan Palmero – Rio de Janeiro