En France plus de 80 % des investissements dans les énergies renouvelables sont alloués au secteur électrique, déjà décarboné
Dans l’hexagone, le secteur électrique, déjà décarboné à plus de 90 %, représente moins de 6% [1] des émissions de gaz à effet de serre. Les secteurs du transport (28,5 %), du résidentiel-tertiaire (15,8 %) sont de très loin les deux plus gros émetteurs.
Dans la loi LTCEV, la France a fixé des objectifs ambitieux de développement des énergies renouvelables. Dans son rapport d’avril 2018, la Cour des Comptes rappelle que la somme des dépenses publiques de soutien aux renouvelables est estimée pour l’année 2016 à 5,3 Md€, en croissance pour atteindre 7,5 Md€ par an en 2023. Elle remarque que les renouvelables électriques bénéficient de l’essentiel de ces dépenses publiques avec, en 2016, 4,4 Md€, soient 83 % du total, alors que le secteur électrique est très faiblement émetteur. A contrario, l’Etat n’alloue que 567 M€ pour le développement des renouvelables thermiques, alors que le secteur du chauffage est très fortement consommateur de gaz et de fuel, et présente donc un grand potentiel de réduction des émissions. La Cour des comptes note ainsi que la part que représente les renouvelables thermiques n’est pas « à la hauteur des besoins correspondant aux objectifs fixés et donc à la réalisation des engagements climatiques français » (sic : Cour des comptes).
Si diversifier le mix électrique n’a pas d’impact attendu en termes de réduction de gaz à effet de serre, il peut même conduire à l’effet contraire si le changement est brutal : dans son scénario prévisionnel 2017, RTE montre que, pour atteindre un objectif de 50 % de nucléaire, il serait nécessaire de construire environ une vingtaine de centrales au gaz supplémentaires aux installations actuelles. Cette stratégie conduirait à une augmentation des émissions de CO2 du système électrique français vers des niveaux compris entre 38 et 55 millions de tonnes de CO2 par an.
[1] RTE, MTES