En Suède, le nucléaire a démontré sa capacité à décarboner rapidement le système électrique
Entre 1970 et 1990, le parc nucléaire mondial s’est déployé très rapidement. En 1970, il était constitué de seulement 82 réacteurs, pour une capacité installée totale de 16 GW. Cinq ans après, le chiffre était passé à 168 réacteurs (capacité de 72 GW) en 1975, puis à 420 réacteurs de (327 GW) en 1990. En 20 ans, le nombre de réacteurs en service a été multiplié par 5 et la puissance nette installée par 20. Cette expansion a été d’autant plus spectaculaire que, dans les années 70 et 80, la technologie était encore assez nouvelle, et la plupart des acteurs ont dû, en même temps, développer leurs compétences et leur maîtrise industrielle.
L’analyse [1] du programme nucléaire suédois, déployé entre 1970 et 1990, illustre particulièrement le potentiel de décarbonation rapide présenté par le nucléaire. Comme le montre le graphique, avant le lancement du programme nucléaire la croissance des émissions de CO2 suivait, voire excédait, la croissance du PNB. Avec le déploiement du programme nucléaire, entre 1972 et 1986, les émissions par habitant ont baissé en moins de 20 ans de 75 %.
La Suède s’est par ailleurs appuyée sur son système électrique pour décarboner les usages : alimentation de l’industrie ; réduction de l’utilisation de fossiles dans le tertiaire et le résidentiel, etc. Plus largement, le pays exporte son électricité bas carbone chez ses voisins, contribuant ainsi à réduire leur empreinte carbone.
Depuis les années 2000, plusieurs pays (Allemagne, Danemark ou Etats-Unis) ont mis en œuvre des politiques de soutien ambitieuses pour le déploiement rapide de capacités solaire et éoliennes.
Quand on regarde l’historique néanmoins, le rythme atteint par la Suède avec l’énergie nucléaire entre 1976 et 1986 reste cinq fois supérieur au programme du Danemark, pays qui a mis en œuvre au début des années 2000. La performance de la Suède n’a jamais été égalée à ce jour. On constate des résultats similaires dans tous les pays ayant engagé des programmes de déploiement du nucléaire (France, Belgique, Slovaquie, Taiwan).
Qvist et Brook (2015)