L’énergie nucléaire contre la pollution atmosphérique
La France a connu de graves alertes à la pollution atmosphérique durant les premiers jours de décembre 2013. Principaux responsables : particules fines, dioxyde d’azote, oxyde de soufre, monoxyde de carbone, benzène… autant de polluants produits par la combustion des énergies fossiles et rejetés par les véhicules (notamment diesel) les installations de chauffage et de nombreux équipements industriels.
Favorisées par une situation anticyclonique prolongée et par la faiblesse des vents, ces poussées de pollution inquiètent à juste titre. Au-delà de gênes respiratoires transitoires, les polluants incriminés peuvent avoir en effet de graves conséquences sanitaires et un impact sur l’économie nationale. C’est ce qu’a déclaré Philippe Martin, le ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie lors de la troisième réunion du Comité interministériel de la qualité de l’air (CIQA) le 18 décembre dernier, « Nous devons réduire le fléau de la pollution de l’air. C’est un problème environnemental, c’est un enjeu de santé publique, avec plusieurs dizaines de milliers de décès prématurés chaque année, c’est aussi un coût économique pour la collectivité nationale, que l’on peut évaluer à 20 à 30 milliards d’euros par an, dont un milliard d’euros directement supportés par le système de soins ».
Les commentateurs se sont également emparés du sujet mais il est une observation qui est restée dans les cartons : elle revient à constater que la pollution atmosphérique serait encore beaucoup plus préoccupante, en France, si l’électricité n’y était pas produite à plus des trois-quarts par notre parc nucléaire. Si ce n’était pas le cas et si le pays fabriquait cette même quantité d’électricité avec les énergies fossiles classiques (gaz, charbon, pétrole), on rejetterait à l’atmosphère chaque année quelque 400 millions de tonnes supplémentaires de dioxyde de carbone, 2 millions de tonnes de dioxyde de soufre, 1 million de tonnes de dioxyde d’azote, sans compter environ 75 000 tonnes de poussières et particules fines…
Dans l’hypothèse où ce « cocktail » peu engageant serait émis tous les ans, la concentration moyenne des polluants atmosphériques en France serait accrue d’autant, atteignant des niveaux particulièrement préoccupants et les alertes comme celle de décembre seraient plus fréquentes car les « pics » de pollution seraient plus vite atteints.
Ces pics plus fréquents auraient pour première conséquence accroître les détriments sanitaires subis par les populations. Ils s’accompagneraient nécessairement de mesures drastiques telles que la suspension temporaire de la circulation des véhicules et l’arrêt provisoire du fonctionnement de certaines installations industrielles. De telles restrictions d’activité seraient bien entendu préjudiciables à l’économie du pays qui devrait inévitablement en supporter le contrecoup… Que l’un des effets du nucléaire soit d’écarter un tel scénario – ou de le rendre moins radical – mérite d’être noté.