L’énergie nucléaire : une nouvelle solution pour décarboner la chaleur ?
La décarbonation de la chaleur est un enjeu crucial de la transition énergétique.
En France, la chaleur représente environ 50 % de l’énergie consommée, soit environ 740 TWh, et est actuellement produite majoritairement (60 %) à partir de combustibles fossiles. Le projet de SFEC vise une stratégie ambitieuse pour 2035, en se concentrant sur la décarbonation de l’industrie, notamment par une utilisation accrue de la biomasse pour produire de la chaleur. Il fixe également l’objectif de tripler la quantité d’énergie livrée par les réseaux de chaleur urbaine (RCU) et de décarboner cette énergie, en se basant sur un objectif de 80 % d’énergies renouvelables et de récupération (EnR&R).
À l’horizon 2035, la biomasse demeurera un pilier de l’approvisionnement en chaleur bas-carbone. Cependant, la littérature scientifique recense des incertitudes à long terme concernant la balance entre ressources et besoins et la capacité future des forêts à capter le carbone. Ces incertitudes nécessitent une stratégie de hiérarchisation des usages, posant des risques pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Les petits réacteurs nucléaires innovants peuvent compléter les solutions actuelles de décarbonation.
Sans empêcher le développement des autres solutions, le nucléaire peut aider à réduire rapidement la part des énergies fossiles dans la production de chaleur et à atténuer les tensions liées à la biomasse. Un réacteur nucléaire produit de la chaleur avant même de produire de l’électricité. Des expériences en Chine, Suisse et Suède montrent des résultats prometteurs. En France, des études évaluent le marché pour la chaleur haute température des procédés industriels, où les alternatives sont rares. Les premiers calculs montrent que la production de chaleur nucléaire est compétitive par rapport aux autres solutions disponibles.
Plus d’une dizaine d’acteurs, dans le cadre du plan France 2030, développent des solutions nucléaires pour ce marché, avec une disponibilité industrielle prévue avant 2030 pour les plus avancées. Certaines technologies permettront de produire de la chaleur au-delà de 500°C, et différentes tailles de réacteurs pourront répondre aux besoins variés des bassins de consommation. Pour progresser, la réglementation doit être adaptée afin de garantir la neutralité technologique, comme c’est déjà le cas pour l’hydrogène, facilitant ainsi les études technico-économiques et le déploiement industriel.
