Combustible nucléaire : cinq pays du G7 souhaitent concurrencer la Russie à l’international
En marge du sommet du G7 qui s’est tenu les 15 et 16 avril 2023 à Sapporo au Japon, cinq pays ont déclaré leur volonté d’accroître leur coopération dans le domaine nucléaire et plus particulièrement du combustible pour les réacteurs actuels et futurs. Un des objectifs est de venir concurrencer les services assurés par les entreprises russes.
« Les pays du G7 qui se tournent vers l’énergie nucléaire ou des applications nucléaires pacifiques connexes reconnaissent que l’utilisation de l’énergie, de la science et des technologies nucléaires contribue à fournir une énergie bas carbone abordable, tout en adhérant aux normes les plus strictes en matière de sécurité, de sûreté et de non-prolifération nucléaires », peut-on lire sur le site du ministère de la Transition énergétique. Les pays concernés sont le Canada, les États-Unis, la France, le Japon et le Royaume-Uni. Pour leur part, l’Allemagne (qui vient d’arrêter ses trois derniers réacteurs) et l’Italie ne sont pas signataires.
En plus de cette déclaration générale, les États ont annoncé « avoir identifié des secteurs de coopération pour renforcer l’approvisionnement en combustible nucléaire des réacteurs en exploitation et permettre le développement/déploiement des combustibles pour les réacteurs de demain tout en réduisant la dépendance à l’industrie russe ».
Un rapprochement stratégique dans le domaine du combustible
Bien que les détails restent à préciser, la déclaration mentionne que « la coopération stratégique vise à renforcer la résilience de l’approvisionnement en combustible tout en soutenant de plus vastes objectifs géostratégiques consistant à réduire la dépendance à la Russie sur le long terme dans le domaine du combustible et accroître les alternatives commerciales dans un marché libre pour l’approvisionnement en combustible des pays tiers ».
La mention de « long terme » envoie un message aux entreprises, en particulier américaines, qui hésitent à investir dans des usines du cycle du combustible notamment pour la fabrication de combustibles moyennement enrichis (HALEU). Celles-ci sont en effet demandeuses de garanties sur la pérennité des débouchés commerciaux.
Par ailleurs, les startups développant des réacteurs avancés (AMR) cherchent à sécuriser leur approvisionnement en combustible HALEU afin de concrétiser leur projet. Pour rappel, l’approvisionnement en uranium enrichi du parc nucléaire américain en exploitation dépend à 28 % de la Russie, ce qui n’est pas le cas en France, et la production d’HALEU est un monopole russe.
Le communiqué indique ensuite l’objectif « d’accroître les alternatives commerciales dans un marché libre pour l’approvisionnement en combustible des pays tiers ». Cela dessine l’ambition dans le domaine du combustible de proposer une alternative d’approvisionnement pour les pays disposants de réacteurs de technologie russes et de mettre fin au monopole de Moscou sur la fabrication de combustibles HALEU. Ce combustible sera nécessaires à plusieurs projets AMR.
« Une alliance entre le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada et la France vise à évincer Poutine du marché international de l’énergie nucléaire », peut-on lire, sans ambiguïté, sur le site du gouvernement britannique.■