Quand décider d’un renouvellement du parc nucléaire français ?
La présente note a pour objet d’éclairer les risques liés au calendrier de décision du programme industriel de nouvelles constructions nucléaires et les enjeux associés, à la fois d’un point de vue de politique énergétique et de politique industrielle.
Elle examine tour à tour le calendrier sous ses deux aspects indissociables :
- Le calendrier de politique énergétique : s’appuyant sur les scénarios du modèle PRIMES de la Commission européenne, la section Economie et stratégie énergétique de la SFEN a approfondi la question des dates prévisionnelles de mise en service des constructions neuves et des rétroplannings associés aux chantiers.
- Le calendrier de politique industrielle : pour ce faire, la SFEN a demandé au BCG de réaliser une étude auprès d’industriels de la filière impliqués dans les chantiers de constructions neuves, avec deux phases :
- Une série d’entretiens réalisés entre août et octobre 2018 auprès de dirigeants de 16 entreprises de la filière nucléaire française. Combinées, ces 16 entreprises représentent plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et plus de 30 000 emplois (dans la part de leur activité dédiée au nucléaire spécifiquement).
- Un sondage quantitatif auprès d’un panel plus large d’acteurs de la filière nucléaire française, réalisé entre le 21 septembre et le 5 novembre 2018. Au total, le sondage a permis de recueillir les réponses de 109 dirigeants, représentant 79 entreprises de la filière nucléaire française et plus de 90 000 emplois dans le nucléaire.
De ces deux aspects, il en résulte que pour atteindre ses objectifs de décarbonation en 2050, la France aura besoin d’un socle nucléaire.
La note fait apparaître que :
- Une décision d’engagement est nécessaire au plus tard courant 2021 afin de satisfaire à la fois aux exigences du calendrier énergétique, en termes de sécurité d’approvisionnement, de calendrier industriel, mais aussi de compétences du tissu industriel nucléaire français.
- Un tel engagement doit être suffisamment ferme pour permettre aux industriels d’investir et d’engager les ressources nécessaires, en particulier en matière de recrutements et de formations, et d’être en capacité de construire aux échéances requises, et avec le niveau de performance attendu.
- L’engagement doit porter sur la construction de trois paires de réacteurs a minima, avec un cadencement optimisé, afin de bénéficier pleinement des effets de série attendus en termes de compétitivité et garantir au pays un approvisionnement bas carbone, bon marché, dans la durée.