2. Et si le nucléaire chauffait l’industrie et les réseaux urbains ?

Les besoins de chaleur sont rarement au centre de l’attention médiatique, bien qu’ils soient cruciaux pour les industriels et les réseaux thermiques. La priorité étant de décarboner les sources actuelles et de soutenir l’extension des infrastructures, la chaleur nucléaire peut et doit jouer un rôle essentiel.

« En France, sur 160 TWh de gaz naturel consommés par des sites importants pour leurs besoins en chaleur, environ 60 TWh pourraient être remplacés par de la chaleur produite par l’énergie nucléaire », assure Victor Elie, stratégie consultant chez E-Cube, un cabinet de  conseil en stratégie dans les secteurs de l’énergie, de la mobilité et de l’environnement. « En Europe, au regard des PIB industriels des pays membres, en incluant aussi la Norvège et le Royaume-Uni, et en considérant les pays favorables au nucléaire, ce sont environ 262 TWh de chaleur produite par le gaz qui pourraient être remplacés par de la chaleur d’origine nucléaire », calcule-t-il.

La production de chaleur nucléaire peut-être d’un niveau de complexité différent en fonction de son intégration avec d’autres systèmes énergétiques. Il existe des applications peu complexes, telles que les systèmes de plug-in, comme le chauffage urbain et la production d’hydrogène. On compte a contrario des demandes plus complexes à satisfaire, non seulement liées aux températures à atteindre, mais aussi aux types de process impliqués. Par exemple, les raffineries nécessitent des flammes, distinctes de la chaleur, dans leur processus de production. Parfois, il n’est donc pas suffisant de remplacer la source de chaleur du processus mais bel et bien de changer le processus en lui-même. En outre, « certaines demandes sont très localisées, alors que d’autres sont beaucoup plus décentralisées. C’est pour cela que malgré la demande totale de chaleur nécessaire, il peut être compliqué de déployer des réacteurs nucléaires sur des sites différents », explique Fabio Nouchy, product manager pour les SMR (petits réacteurs modulaires) chez Tractebel.

Le nucléaire pour les besoins en chaleur des industriels