« L’atout de Sizewell, c’est Hinkley Point C »
Plus grand chantier d’Europe, la construction de deux réacteurs EPR sur le site d’Hinkley Point C, dans le Somerset, mobilise déjà 3 000 personnes. Tout est mis en oeuvre pour que le premier béton soit coulé mi-2019 et que la première tranche soit mise en service fin 2025. Retour sur les avancées du projet et les perspectives pour le nucléaire britannique avec Simone Rossi, Directeur général d’EDF Energy depuis novembre dernier.
RGN – Pour Hinkley Point C, quels sont les apports des retours d’expérience des autres chantiers d’EPR dans le monde ?
Simone Rossi – Avec notre partenaire CGN, nous bénéficions d’un partenariat durable qui tire le bénéfice d’une expérience commune dans la construction de deux EPR à Taïshan en Chine. Des équipes de CGN sont d’ailleurs présentes sur le chantier à nos côtés.
Cette expérience partagée avec les équipes de Taishan et de Flamanville bénéficie déjà directement au projet Hinkley Point C. C’est le cas par exemple avec la maquette virtuelle de la station en 3D qui permet aux équipes de simuler dans les moindres détails les étapes de construction telles que la pose de milliers de kilomètres de câbles ou de centaines de kilomètres de tuyaux, au bon endroit et dans le bon ordre. Cet outil numérique fait déjà la différence en permettant de limiter les erreurs sur le chantier. Il a été rendu possible parce que d’autres EPR sont en construction.
Sommes-nous rentrés dans la phase définitive du chantier ou reste-t-il des étapes à valider avec les autorités, le régulateur, etc. ?
S.R. – La finalisation du design définitif du réacteur est en cours. Elle est prévue pour fin 2018. Un travail est mené à ce sujet en lien avec l’Autorité de sûreté britannique (ONR) qui a demandé des modifications sur le contrôle commande et le système de ventilation.
Le modèle de financement du nucléaire est en discussion au Royaume-Uni. Quelles sont les pistes à l’étude pour le projet des deux EPR sur le site de Sizewell ?
S.R. – Nous sommes actuellement en discussions avec le gouvernement britannique sur des modèles de financement alternatifs pour Sizewell [1]. À l’avenir, nous savons que tout nouveau projet devra être moins cher pour le consommateur. Avec des coûts de financement plus faibles, on a un moyen de faire baisser les coûts d’ensemble des projets. Des contacts ont été noués avec des fonds de pension et des institutions financières en vue de leur éventuelle participation. Mais à l’heure actuelle, rien n’est figé et il est encore prématuré de se prononcer.
Pour Sizewell, EDF Energy anticipe des coûts inférieurs de 20 % par rapport à ceux d’Hinkley Point. Comment y parviendriez-vous ?
S.R. – L’atout de Sizewell c’est Hinkley Point C. Nous avons un design de l’EPR qui a été validé par l’ONR et qui sera le même pour Sizewell C. C’est autant de temps et de coûts pour le développement et la certification des designs qui ne seront pas engagés. Sizewell profitera aussi du retour d’expérience, tant sur le plan industriel que sur celui des méthodes d’ingénierie et des outils, des autres EPR construits dans le monde à Olkiluoto, Flamanville et à Taishan. C’est ce qu’on appelle « l’effet de série » et qui se matérialise déjà sur le chantier de Hinkley Point C.
EDF Energy souhaite construire deux nouveaux réacteurs EPR sur le site de Sizewell, dans le Suffolk.