Canada : un pionnier du nucléaire résolument tourné vers l’avenir
Acteur historique du nucléaire civil et doté de toute une gamme de technologies, le Canada multiplie les projets afin de remplir ses objectifs climatiques et d’assurer la sécurité énergétique de ses habitants.
Le pays compte 19 réacteurs nucléaires en exploitation répartis dans quatre centrales, ce qui représente 15 % de la production d’électricité du pays. Il est également le deuxième producteur mondial d’uranium derrière le Kazakhstan. La politique énergétique étant de la compétence provinciale et non fédérale, les sources d’énergie varient sensiblement d’une province à l’autre. En 2016, l’énergie nucléaire a assuré 58 % de la production d’électricité de l’Ontario, 30 % de celle du Nouveau-Brunswick. En 2018, le gouvernent de Justin Trudeau a présenté sa feuille de route climatique, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques : le nucléaire y est présenté comme indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique tout en assurant des débouchés industriels pour le pays comme à l’export.
L’Ontario, terre de nucléaire
Le Canada, dès 1945, a possédé le premier réacteur non-américain à Chalk River (Ontario), le ZEEP (Zero Energy Experimental Pile). Ce réacteur a contribué au développement de la filière CANDU (CANada Deuterium Uranium), le réacteur moderne canadien qui s’est également exporté à l’étranger (Roumanie, Corée du Sud, etc.). Les CANDU utilisent de l’uranium naturel non enrichi et ont la particularité de pouvoir être rechargés sans mise à l’arrêt de l’installation. La province de l’Ontario abrite également la plus puissante centrale nucléaire en exploitation du monde. La centrale nucléaire de Bruce, sur la rive du lac Huron, à 190 km du centre-ville de Toronto, a été raccordée au réseau électrique en 1976. Depuis, ses huit réacteurs CANDU, totalisant une puissance de 6 288 MWe, alimentent en électricité bas carbone la province la plus peuplée du pays. L’Ontario, en misant massivement sur l’énergie nucléaire au tournant des années 2000, a réussi, avec l’aide de l’hydraulique, à se débarrasser totalement du charbon dans sa production d’électricité et à éviter ainsi les émissions annuelles de près de 45 millions de tonnes de CO2.
La solution SMR
Aujourd’hui, plusieurs provinces du Canada se penchent sur l’installation de petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors, SMR) pour alimenter en énergie les 276 communautés isolées, principalement dans les régions les plus septentrionales du pays. Fortement dépendantes des générateurs diesel pour leurs besoins en électricité et en chauffage, ces communautés en subissent tous les inconvénients, en matière de santé publique comme d’empreinte carbone. Une stratégie bien identifiée aussi au niveau fédéral. Le gouvernement canadien s’est doté d’un ambitieux plan d’action pour les petits réacteurs modulaires. Fruit d’une longue concertation entre les pouvoirs publics, les entreprises et les centres de recherche, ce plan sera mis en route à partir de l’automne 2020 par le ministre des Ressources naturelles du Canada, Seamus O’Regan. Le Canada espère ainsi devenir le chef de file mondial des SMR, restant fidèle à sa tradition de grande nation du nucléaire civil tournée vers l’innovation.