COP29 : Les États-Unis s’engagent à tripler le nucléaire
En parallèle de la COP29 de Bakou, la Maison Blanche fixe l’objectif d’ajouter 200 GW de nucléaire d’ici à 2050 avec dès 2035, 35 GW de nouvelles capacités en service ou en construction. Ces objectifs sont accompagnés d’une feuille de route reposant sur 9 piliers allant de la maximisation de la production nucléaire du parc existant à la construction de réacteurs de forte et de petite puissance.
L’objectif du triplement de la capacité nucléaire d’ici à 2050, de 100 à 300 GW, a été annoncé la première fois en décembre 2023, lors de la COP28 à Dubaï avec une vingtaine d’autres pays[1]. Quelques mois plus tard, la secrétaire à l’Énergie Jennifer Granholm avait rappelé cet objectif lors de l’inauguration du nouveau réacteur AP1000 du pays, Vogtle 4. La nouveauté de l’annonce du 12 novembre 2024, en marge de la COP29 à Bakou, est la publication d’une feuille de route qui énumère les actions à mener et affiche des jalons intermédiaires. En 2035, de nouvelles installations nucléaires en service ou en construction pourraient ainsi représenter 35 GW avec un rythme de déploiement, aux États-Unis et à l’export, de 15 GW par an à l’horizon 2040 !
Les neuf piliers de la relance
Afin d’atteindre ces objectifs, 9 piliers ont été détaillés[2] : (1) construction de réacteurs de forte puissance ; (2) construction de petits réacteurs modulaires ; (3) construction de microréacteurs ; (4) prolongation de l’exploitation des réacteurs actuels avec des augmentations de puissances et le redémarrage de réacteurs récemment mis à l’arrêt ; (5) amélioration des procédures d’octroi de certifications et d’autorisations ; (6) développement de la force de travail ; (7) développement de la chaîne d’approvisionnement ; (8) développement de la chaîne d’approvisionnement en combustible ; (9) gestion du combustible nucléaire usagé.
Sur le premier pilier, l’administration a identifié 41 sites nucléaires qui rassemblent les conditions pour accueillir 60 GW de réacteurs de forte puissance. Les petits réacteurs modulaires pourraient eux prendre place sur 80 % des 400 centrales à charbons du pays. Sur le quatrième pilier, la Maison Blanche rappelle que les augmentations de puissance réalisées par le passé ont apporté 8 GW supplémentaires sur le réseau, mais le document ne mentionne pas la capacité qui pourrait être gagnée à l’avenir. Ce retour du nucléaire comprend aussi une accélération des procédures (Advance Act) et une mobilisation de la chaîne d’approvisionnement (piliers 5,6,7,8). Ce triplement de la capacité nucléaire devra se faire sans dépendance à la Russie dans le domaine du combustible que ce soit avec celui des réacteurs à eau pressurisée ou celui de certains réacteurs avancés (HALEU) (pilier 8).
Donald Trump et le nucléaire
Cette feuille de route intervient à la fin du mandat démocrate dans une période de transition qui débouchera sur l’investiture de Donald Trump en janvier 2025. Bien que le nucléaire ne soit pas un clivage politique aux États-Unis, le soutien de Donald Trump aux énergies fossiles laisse aujourd’hui planer une certaine incertitude dans un marché de l’électricité dérégulé. Pour mémoire, sous la pression économique des centrales fossiles, 13 réacteurs ont été fermés ces dix dernières années soit 11 GW. Une hémorragie qui aujourd’hui a été arrêtée grâce au Civil Nuclear Credit de la Loi bipartisane d’infrastruction (BIL) et l’Inflation Reduction Act (IRA). Affaire à suivre…■
[1] https://www.energy.gov/articles/cop28-countries-launch-declaration-triple-nuclear-energy-capacity-2050-recognizing-key
[2] https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2024/11/US-Nuclear-Energy-Deployment-Framework.pdf