Cruas : relance de la filière d’uranium de retraitement
Le directeur du parc nucléaire et thermique EDF, Cédric Lewandowski, a mis en avant « une étape historique pour la relance de la filière d’uranium de retraitement ». Le 5 février 2024, le réacteur 2 de la centrale de Cruas a redémarré avec la première recharge d’uranium totalement recyclée.
L’uranium de retraitement (URT) est l’uranium issu des combustibles usés des réacteurs nucléaires après retraitement à Orano la Hague. C’est une matière valorisable qui peut être convertie et enrichie – et devient alors de l’Uranium de retraitement enrichi (URE) – pour être recyclée dans nos réacteurs actuels. En France, seuls les quatre réacteurs de la centrale de Cruas-Meysse, en Auvergne-Rhône-Alpes, sont certifiés pour utiliser l’URE.
« Un travail de longue haleine a été mené ces dix dernières années pour relancer une filière d’uranium de retraitement, suspendue en 2013 (et qui a repris en 2018, ndr) et qui vient juste de franchir une étape historique, explique Cédric Lewandowski directeur du parc nucléaire et thermique EDF sur LinkedIn. En effet, le 5 février 2024, la tranche 2 de la centrale de Cruas-Meysse a redémarré avec la première recharge d’uranium totalement recyclée ».
Il justifie ce choix : « Retraiter le combustible usé pour en extraire la matière à potentiel énergétique valorisable (soit 96% de la composition en masse du combustible usé), à savoir l’uranium, pour l’utiliser une seconde fois (« mono-recyclage ») est une démarche d’économie circulaire qui permettra d’économiser 25% de ressources naturelles dans les prochaines décennies. De plus, cette filière émet 30% de moins d’émissions de CO2 que la filière d’uranium naturel et réduit l’impact sur l’environnement ».
Montée en puissance
Il explique que l’objectif d’EDF est de pouvoir réutiliser l’URT dans certains réacteurs de 1 300 MW dès 2027 pour arriver dans les années 2030 à plus de 30 % d’URT chargé dans le parc nucléaire français. Dans le monde, 75 réacteurs ont utilisé ou utilisent déjà de l’URT. Dans le cas de Cruas, Cédric Lewandowski souligne l’engagement des équipes d’EDF mais aussi celles de Framatome pour la fabrication et le chargement de combustible.
Historiquement, l’opération d’enrichissement, qui nécessite des centrifugeuses uniquement dédiées à l’URT, a été confiée au site Rosatom de Seversk pour des raisons industrielles et économiques. Toutefois, la nouvelle donne géopolitique depuis le début du conflit en Ukraine pourra amener à repenser ces contrats sans difficulté. Plusieurs acteurs occidentaux sont en mesure de bâtir des ateliers dédiés à l’enrichissement de l’URT. ■