Le démantèlement est-il une filière d’avenir ? - Sfen

Le démantèlement est-il une filière d’avenir ?

Publié le 20 octobre 2014 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Les discussions parlementaires sur la loi sur la transition énergétique ont pointé du doigt la question du démantèlement et des éventuelles opportunités économiques qui pourraient en découler. Pour autant peut-on parler de filière d’avenir ?  Valérie Faudon, Déléguée générale de la SFEN a répondu aux questions de « On arrête pas l’Eco » sur France Inter.  

Quel est le potentiel économique du démantèlement ?

Valérie Faudon – Actuellement, parmi les 220 000 emplois de la filière nucléaire, seuls 8 % se trouvent dans le démantèlement.

Si les chantiers et les opportunités se développent, le démantèlement offre moins d’emplois que ceux nécessaires à l’exploitation d’une centrale. Ainsi, pour faire fonctionner un réacteur environ 1 000 emplois sont nécessaires, la plupart très qualifiés, alors que pour déconstruire une centrale nucléaire c’est environ 100 – 150 emplois.

De plus, ce ne sont pas des emplois pour « tout de suite », le parc nucléaire français est jeune : en moyenne 30 ans et pourra vraisemblablement être exploité, comme aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, jusqu’à 50 ans, voire 60. En plus, il faut bien distinguer la mise à l’arrêt du réacteur et le démarrage du chantier proprement dit.

Il y a une phase d’étude qui peut prendre de 5 à 10 ans et qui est très importante pour la réussite du chantier : on y planifie les étapes du chantier et l’on y choisit les techniques qui seront utilisées.

Déconstruire une centrale est un chantier qui prend du temps. Il y a de nombreuses découpes, des opérations qui doivent être pratiquées en toute sécurité pour les opérateurs. Donc en général, on fait intervenir peu d’opérateurs à la fois sur le chantier et le chantier dure longtemps, souvent 20 ans.

Enfin, les perspectives à l’export sont limitées par deux facteurs : les emplois sont locaux et il est nécessaire d’avoir une connaissance intime de la réglementation locale et de l’installation. En conséquence de quoi, une grande part des projets revient à des partenaires locaux.  

La France se vante de maîtriser tout le cycle de vie du nucléaire, est-ce que c’est un atout pour devenir le leader de la filière du démantèlement ?  

VF – Tout à fait, il faut savoir que 99,9 % de la radioactivité d’une centrale nucléaire provient du combustible. Une fois que l’on a retiré le combustible de la centrale, on a retiré pratiquement toute la radioactivité. Dans le domaine du recyclage des combustibles nucléaires, la France est le leader mondial.

Par ailleurs, en plus du marché du démantèlement, il y a des marchés de décontamination de type Fukushima (traitement de boues et d’eaux) où il y a un vrai savoir-faire technique chez AREVA et au CEA, hérité de la recherche sur le recyclage.  

Selon vous, la France a une longueur d’avance sur les américains et les Japonais ?

VF – Oui, nous disposons en particulier d’un vrai savoir-faire en matière de travaux de découpe puisque l’on a déjà déconstruit un grand nombre de laboratoires de rechercher et de réacteurs d’essai. Actuellement 9 réacteurs nucléaires sont en cours de déconstruction sur des sites EDF et 2 autres chantiers concernent des installations AREVA et CEA.