Doublement de la consommation de charbon : une transition pas si simple
Hasard du calendrier, quelques semaines après que Nicolas Hulot eut annoncé que les centrales au charbon fermeraient à l’horizon 2022, les statistiques de production électrique révélaient un doublement de la consommation de charbon d’avril à juin.
Dans sa lettre de conjoncture énergétique pour le deuxième trimestre 2017 (avril à juin), le commissariat général au développement durable a annoncé que la part du charbon dans la production électrique avait plus que doublée en glissement annuel.
Contrairement à une idée reçue, le nucléaire n’est pas en cause (production stable à -0,5%) mais bien l’hydroélectricité, dont une pluviométrie particulièrement mauvaise a conduit à une baisse de 25 % de sa part dans la production. Première source de production renouvelable française, l’hydroélectricité assure à la fois une sécurité d’approvisionnement de pointe pour équilibrer le réseau, via les retenues, mais aussi un service de production en base, via les barrages au fil de l’eau. Malgré l’augmentation de la production des autres sources d’énergie renouvelable (+14,6 % de solaire et + 2,7 % d’éolien), le recours aux énergies fossiles s’est révélé indispensable pour équilibrer la production dans une période printanière pourtant exempte des grands pics de consommation que connaît régulièrement le pays en hiver, lesquels nécessitent souvent de recourir à toutes les sources de production mobilisables, dont les centrales thermiques.
Dans ce contexte, le doublement de la consommation de charbon s’est accompagné d’une hausse de 43,2 % des importations de gaz pour l’électricité en un an. Au deuxième trimestre, les énergies fossiles (gaz, fioul, charbon) ont produit plus d’électricité que les sources de production solaires et éoliennes cumulées.
Cette actualité démontre que la transition vers un mix électrique sobre en carbone n’est pas une tâche facile, même dans un pays où la part des énergies fossiles est faible.
Crédit photo : EDF/SOULABAILLE YVES
Légende : Centrale thermique de Cordemais, Pays de Loire. Si le charbon reste marginal dans la production française, notamment comparé à l’Allemagne, sa progression au 2e trimestre a tiré à la hausse les émissions de gaz à effet de serre du secteur.