Economie de l’énergie nucléaire – Rencontre avec François Lévêque
François Lévêque, professeur d’économie à l’Ecole des Mines de Paris et auteur de Nucléaire ON/OFF, analyse économique d’un pari donne un éclairage sur des mécanismes importants de l’économie nucléaire : allongement de la durée d’exploitation des centrales nucléaires, augmentation des tarifs de l’électricité et calcul des coûts futurs liés au démantèlement et à la gestion des déchets radioactifs.
Accident de Fukushima, retard sur les chantiers des nouvelles centrales nucléaires, développement du gaz de schiste, etc. Bien des indicateurs semblent condamner le nucléaire, une énergie qui serait devenue trop chère et top dangereuse…
Dans son ouvrage, Nucléaire ON/OFF, analyse économique d’un pari, François Lévêque, explore l’ensemble des problématiques du domaines – coûts, accidents, sûreté, gouvernance internationale – permettant de comprendre l’économie de l’énergie nucléaire à l’échelle de la planète. Découvrez les extraits du livre.
Le coût du nucléaire
« Il faut cesser de croire à un coût du nucléaire unique et universel ». « Les coûts du nucléaire dépendent des opportunités des décideurs économiques, qu’ils soient publics ou privés, ainsi que de multiples facteurs marqués par de fortes incertitudes sur le futur. Ainsi, le coût de construction d’une nouvelle centrale n’est pas le même en Finlande, en Chine ou aux Etats-Unis ».
Le risque d’accident
« La technologie nucléaire est de plus en plus sûre, grâce en particulier aux connaissances accumulées sur le fonctionnement des réacteurs et aux analyses probabilistes de sûreté ». « Les individus ont tendance à surévaluer le risque lorsqu’il concerne des événements rares et effroyables ». « Il faut cesser d’instruire un double procès en stupidité : le public se moquant de l’enfermement des experts dans leurs laboratoires et de leurs théories ; les experts ironisant sur la sensibilité du public aux désastres et son inaptitude au raisonnement probabiliste ».
La régulation de la sûreté
« La régulation de la sûreté japonaise est l’exemple même à ne pas suivre. L’autorité de sûreté s’est laissée capturer par les exploitants nucléaires qu’elle était censée contrôler et a manqué d’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, lui-même soumis à l’influence de l’industrie ». « A contrario, les régulations françaises et américaine peuvent servir de modèles, même si elles sont très différentes et non exemptes de défauts ».
La gouvernance internationale
« Des coopérations multilatérales sont aussi menées en matière de sûreté nucléaire. L’Union européenne offre ce bien collectif de la façon la plus aboutie qui soit. Reposant sur le Traité de l’Euratom et des lois spécifiques, la gouvernance européenne de la sûreté a connu indéniables succès, dont la fermeture de réacteurs dangereux installés à ses frontières ».
A propos de l’auteur
François Lévêque est professeur d’économie à l’Ecole des Mines de Paris, spécialisé en économie industrielle et de l’énergie. Il a enseigné précédemment l’économie de l’environnement à l’EHESS et l’économie de la concurrence à Berkeley. Il anime également le blog energypolicyblog.com.