EDF acquiert les turbines de GE en prévision de futures annonces sur les réacteurs français - Sfen

EDF acquiert les turbines de GE en prévision de futures annonces sur les réacteurs français

Publié le 8 février 2022 - Mis à jour le 9 février 2022

Après la vente à General Electric en 2014, l’activité de fabrication de turbines de l’ancien Alstom Power, située à Belfort, va revenir dans le giron national en étant rachetée par EDF. La transaction sera signée jeudi 10 février en présence d’Emmanuel Macron qui a cette occasion devrait préciser ses ambitions pour le renouvellement du parc nucléaire français, avec le lancement de la construction de six à huit EPR sur le territoire.

Lundi 7 février, le Conseil d’administration d’EDF a validé le rachat des activités nucléaires de GE à Belfort. Le sujet est de taille. En 2014, les activités de fabrication de turbines d’Alstom avaient été rachetées par le géant américain, une vente organisée par Emmanuel Macron en tant que Secrétaire général de l’Élysée puis en tant que ministre de l’Economie. C’est aujourd’hui, en tant que président de la République, qu’il a œuvré en faveur de ce rachat.

Une turbine géante

Si l’actif acheté par l’électricien français est estimé à environ un milliard d’euros, le Français ne devrait dépenser « que » 273 millions d’euros, une somme accessible pour l’entreprise tricolore. Au rang de ces actifs stratégiques, on trouve les gigantesques turbines « Arabelle » destinées à transformer la chaleur produite par les réacteurs EPR en électricité en entrainant l’alternateur. Ces machines mesurent 70 mètres de long pour 11 mètres de diamètre. L’équipement d’un poids de 1 100 tonnes monte à 1 500 tours par minute grâce à une vapeur à 75 bars de pression et presque 300°C.

Le retour dans le giron tricolore des turbines GE tourne une page douloureuse. Alors que GE s’était engagé à conserver les 16 000 emplois du pôle énergie d’Alstom et même à en créer 1 000 de plus, l’Américain avait en réalité supprimé 5 000 emplois, dont 1 200 sur le seul Territoire de Belfort. Ces dernières années, c’est l’ensemble du groupe GE qui est dans la tourmente. Engagé dans une restructuration profonde, le groupe brade une partie de ses actifs pour retrouver une stabilité financière.

Commande de nouveaux réacteurs

La signature de ce rachat devrait être faite jeudi 10 février à l’occasion d’un déplacement d’Emmanuel Macron à Belfort. Celui-ci devrait faire de nouvelles annonces sur la stratégie nucléaire en France. Selon des sources proches du dossier, le Président pourrait officialiser le lancement d’un programme de construction de six à huit EPR. Emmanuel Macron confirmerait ainsi l’attention annoncée le 9 novembre 2021 : « nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays, et continuer de développer les énergies renouvelables ».

Cette décision est importante et urgente. Dans l’acte 1 de son livre blanc, la Sfen appelle à « Décider sans tarder le lancement d’un programme de trois paires de réacteurs EPR2 pour la mise en service de la première unité vers 2035. Cette décision devra faire l’objet d’un débat public et être traduite dans la loi ». Par ailleurs, la Sfen en parallèle du lancement d’un programme de construction nucléaire, appelle à réviser les fermetures de réacteurs prévues dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Cela permettra à la France de conserver des marges pour garantir sa sécurité d’approvisionnement et de faciliter les atteintes des objectifs nationaux et européens de neutralité carbone en 2050.

Par Ludovic Dupin

Crédit photo : Alstom