Faciliter la sortie du charbon avec l’option nucléaire, préconise l’AIE
Comment faire disparaître ou réduire fortement l’utilisation du charbon sans impacter l’économie ou la sécurité d’approvisionnement ? C’est la question à laquelle tente de répondre un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié en novembre 2022. Parmi les solutions présentées se trouvent la construction de petits réacteurs modulaires (SMR) et le nucléaire de forte puissance.
« Tous les chemins qui permettent de limiter les impacts sur changement climatique sont marqués par une baisse rapide et importante des émissions de CO2 liées à l’utilisation du charbon. Le charbon est à la fois l’énergie la plus émettrice de CO2 – 15 gigatonnes en 2021 – , la plus grande source de production d’électricité – 36 % en 2021 -, et un combustible important pour les usages industriels », analyse l’AIE dans son rapport. Néanmoins, l’agence note un rebond du charbon en 2021 couplé d’un regain d’intérêt pour cette énergie en 2022 avec des États donnant la priorité à la sécurité d’approvisionnement et la compétitivité alors que les prix du gaz ont fortement augmenté. Plus encore, la filière représente dans le monde plus de huit millions d’emplois. L’arrêt de cette industrie polluante revêt donc de nombreux aspects à prendre en compte. « Si les centrales à charbon dans le monde étaient opérées sur une durée de vie et un facteur de charge actuel, elles émettraient 330 gigatonnes de CO2 de 2022 à 2100, soit plus que les émissions historiques », alerte l’AIE.
Faciliter l’arrêt des centrales à charbon dans le monde
L’AIE recense autour de 9 000 unités d’une moyenne d’âge de 20 ans pour une capacité totale d’environ 2 185 GW. L’Europe compte 184 GW de capacité d’une moyenne d’âge de 34 ans et l’Amérique du Nord 244 GW pour une moyenne d’âge de 41 ans. C’est en Asie-Pacifique où l’on trouve les centrales les plus récentes, 14 ans en moyenne, avec plus de 1 600 GW de capacité (1 141 GW pour la Chine). Selon l’AIE, les centrales à charbon sont généralement exploitées pour 40 ou 50 ans avec un retour sur l’investissement après 20 ou 30 ans. C’est donc en particulier dès ce moment que les décideurs politiques et les investisseurs peuvent agir pour « faciliter un arrêt prématuré », explique l’AIE.
Le nucléaire fait partie de la solution
Parmi les solutions proposées (systèmes de capture carbone, ammoniaque, biomasse, etc.), le nucléaire de petite et de forte puissance apparaît dans un monde marqué par un fort développement des énergies renouvelables, il est important de le rappeler. D’ici à 2030, selon les déclarations des gouvernements, 2 500 TWh de production charbon seront remplacés à 90 % par les énergies renouvelables et 8 % par le nucléaire, clarifie l’AIE.
« Il est également possible de construire des SMR directement sur les anciennes centrales à charbon pour profiter des infrastructures existantes », conseille notamment l’Agence. Un marché en expansion attendue par les développeurs de SMR notamment le projet français Nuward (2X170 MWe) qui vise à remplacer les petites centrales, à charbon ou au fioul, les plus anciennes qui sont appelées à fermer en grand nombre d’ici à 2050. En outre, le nucléaire de forte puissance n’est pas en reste ! En effet, la Chine, qui on l’a vu compte d’immenses capacités au charbon avec plus de 50 % de la capacité installée mondiale, développe le nucléaire en concentrant plus de 40 % des nouvelles capacités nucléaires d’ici à 2030.■