Fukushima : quid des travailleurs de la centrale ?
Le chantier de mise en sécurité et de démantèlement sera long et difficile. Le déblaiement des débris et le nettoyage des sols et des bâtiments a permis, depuis fin 2011, de respecter les normes japonaises de dosimétrie des travailleurs, avec des milliers d’individus se relayant. Travail à distance, télé-interventions, programmation des chantiers pour minimiser les risques sont les clés d’un chantier sûr pour les intervenants.
Il faut bien mesurer aussi que ces équipes ont été par ailleurs durement touchées par les destructions du tsunami et du séisme et par les évacuations.
Les salariés du site sont confrontés à un chantier extrêmement complexe, à des risques inédits et très certainement à un stress très important. Il ne faut pas oublier que leur environnement a été dévasté par le tsunami et leur vie rendue complexe par les évacuations. Mais ils bénéficient de l’environnement scientifique, médical, technique et industriel d’un pays très développé et on peut constater que des réalisations majeures ont été achevées dans des délais très courts : par exemple la consolidation du réacteur 4 et la construction d’un hall de manutention au-dessus de sa piscine de stockage des combustibles usés, qui a permis d’en commencer l’évacuation en novembre 2013.
L’exploitant a été conduit dans les premiers mois (de mars à mi-décembre 2011) de porter de 50 mSv par an, dose maximale légale pour les travailleurs du nucléaire au Japon, à 250 mSv la dose acceptable – étant admis que de telles augmentations des limites peuvent être envisageables dans des situations d’accident. Dans les premières semaines 6 employés ont reçu des doses corps entier supérieures à 250 mSv et environ 2000 personnes des doses thyroïde supérieures à 100 mSv.
Lors des mois suivants 1 200 personnes au total ont reçu des doses supérieures à 50 mSv mais la dosimétrie à été rapidement réduite par une action déterminée de décontamination du territoire de la centrale. Depuis janvier 2012 les doses légales sont respectées, avec des doses maximales de 20 à 25 mSv et des doses moyennes de 0,8 à 1,4 mSv, les effectifs suivis étant de 6 500 personnes environ chaque mois.
Un second programme prioritaire concernait la piscine de stockage des combustibles du réacteur 4, qui contenait 1 533 assemblages, avec un inventaire très important de césium 137. Cette piscine, ébranlée par l’explosion, a été rapidement renforcée en 2011/2012 dans la perspective de répliques du séisme, puis le hall de manutention reconstitué. L’évacuation des combustibles a commencé en novembre 2013 (308 évacués le 10 février 2014) avec un pont de manutention télécommandé. Elle devrait s’achever avant la fin de l’année.
Parallèlement l’opérateur, après avoir sécurisé les cœurs en assurant leur réfrigération, a engagé un programme d’exploration des zones interdites avec des robots permettant diagnostics, imagerie et téléinterventions, afin de préciser ce que pourraient être les conditions d’intervention sur les coriums. L’accès des opérateurs au cœur des installations restera cependant impossible dans la période actuelle.
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