Greta Thunberg en faveur de la prolongation du nucléaire en Allemagne, le chancelier lui emboîte le pas - Sfen

Greta Thunberg en faveur de la prolongation du nucléaire en Allemagne, le chancelier lui emboîte le pas

Publié le 18 octobre 2022 - Mis à jour le 19 octobre 2022

Le 12 octobre, la célèbre militante pour la lutte contre le réchauffement climatique se prononce en faveur de la prolongation du nucléaire à la télévision allemande. Hasard du calendrier, le 17 octobre, l’Allemagne décide de prolonger trois réacteurs jusqu’en avril 2023 alors qu’ils devaient fermer fin 2022.

Mercredi 12 octobre, la jeune suédoise Greta Thunberg était invitée par la journaliste Sandra Maischberger pour une émission à heures de grande écoute. L’émission, sous forme de discussion, aborde successivement des thèmes comme l’arrêt de l’investissement dans les fossiles, le récent drame humanitaire au Pakistan ou encore l’inspiration qu’elle suscite chez les plus jeunes générations. Jusqu’au moment où la journaliste interroge la militante : « En Allemagne, nous sommes en plein débat pour savoir s’il serait meilleur de prolonger les centrales nucléaires existantes au lieu de prolonger [remettre en route] les centrales à charbon. Qu’en pensez-vous ? ».  La réponse de Greta Thunberg a surpris :

Malgré des précautions de langage, la réponse reste limpide et démontre une grande lucidité de la part de l’activiste : du point de vue climatique, c’est une erreur de fermer des réacteurs nucléaires pour faire fonctionner des centrales à charbon à la place. En outre, elle qualifie le débat « d’infecté » – véritable euphémisme. En effet, cette déclaration intervient dans un contexte tendu en Allemagne où la coalition au pouvoir cherche à trouver des solutions compatibles avec le climat, en pleine crise énergétique, tout en sortant du nucléaire le plus rapidement possible – véritable aporie.

Revirement allemand

Ce lundi 17 octobre, le chancelier Olaf Scholz annonce, au grand dam des Verts antinucléaires, la prolongation non pas de deux réacteurs comme annoncé fin septembre par le ministre de l’économie, mais de ses trois dernières centrales jusqu’au printemps 2023, alors qu’elles devaient être initialement fermées au plus tard le 31 décembre 2022, en plein hiver. Dans une lettre relayée par l’AFP, le chancelier déclarait que « les bases légales seront créées pour permettre le fonctionnement des centrales nucléaires Isar 2, Neckarwestheim 2 et Emsland au-delà du 31 décembre 2022 et jusqu’au 15 avril 2023 ».

L’ONG Greenpeace a qualifié la décision d’Olaf Scholz d’« irresponsable ».  Son directeur exécutif, Martin Kaiser, a déclaré que « la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires nous expose tous à un risque injustifiable ». Le contraste avec le discours de Greta Thunberg est saisissant. ■

Par Ilyas Hanine (Sfen)

Image : Greta Thunberg en juin dernier au Glastonburry festival- ©ANDY BUCHANAN/AFP