AIE, des investissements mondiaux dans l’énergie en décalage avec les objectifs climatiques
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié le 14 mai dernier son rapport annuel sur les investissements mondiaux dans le secteur de l’énergie. A rebours des objectifs environnementaux, les investissements dans le gaz et le pétrole grimpent, tandis que les investissements dans les énergies bas carbone stagnent.
Les investissements mondiaux dans l’énergie se sont stabilisés en 2018 à environ
1 800 milliards de dollars (1 610 milliards d’euros) après trois années consécutives de déclin. Dans ce total, les investissements dans les sources bas carbone ne représentent qu’un tiers du capital investi selon ce rapport.
Plus précisément, les dépenses dans l’ensemble de la chaîne de valeur du pétrole et du gaz ont augmenté de 1 % pour s’établir à plus de 720 milliards de dollars, tandis que celles consacrées aux mines de charbon ont progressé de 2 % avec 80 milliards de dollars d’investissement. La demande en charbon continue de progresser dans les pays émergents alors que les investissements dans les hydrocarbures sont dopés par les Etats-Unis. Washington a vu l’exploitation de ses gisements en pétrole et gaz de schiste considérablement augmenté en 2018.
« Les tendances actuelles en matière d’investissement ne correspondent pas à la direction que le monde semble prendre », indique le rapport. En effet, l’Accord de Paris affiche des objectifs climatiques ambitieux en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre afin de contenir le réchauffement climatique en dessous des
1,5 C°, comme recommandé par les experts du GIEC.
Si dans le domaine des énergies bas carbone, le rapport souligne que les énergies renouvelables et le nucléaire ont capté 85 % des investissements, la tendance est à la stagnation, voire à la baisse.
Pour l’Agence, un doublement des investissements dans le nucléaire, ainsi que dans les énergies renouvelables, est indispensable pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat.
L’action des États reste centrale dans la lutte contre le changement climatique
Le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, a déclaré à l’occasion de la publication du rapport que les États devaient élaborer des politiques publiques offrant davantage de certitudes aux acteurs du marché. En effet, ce type d’investissement mobilisent des capacités et des savoir-faire qui s’inscrivent dans le temps long, rendant les objectifs climatiques encore plus difficiles à atteindre sans cap bien défini par les pouvoirs publics.
Cette déclaration fait écho aux conclusions d’un autre rapport, le World Energy Outlook 2018, dans lequel l’AIE alertait déjà sur l’importance des politiques publiques : « Plus de 70 % des investissements mondiaux dans le domaine de l’énergie seront dirigés par les gouvernements et le message est clair : le destin énergétique du monde repose sur les décisions et les politiques prises par les gouvernements », analysait déjà le directeur exécutif de l’AIE.
© EDF