Japon : bientôt la fin du “zéro nucléaire” - Sfen

Japon : bientôt la fin du “zéro nucléaire”

Publié le 16 avril 2014 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Dans les semaines qui ont suivi l’accident de mars 2011 à Fukushima, la Chancelière Angela Merkel en a surpris plus d’un par la brusquerie et la brutalité de son volte-face nucléaire, mais la grande majorité des commentateurs s’accordaient sur un point : l’énergie nucléaire était morte au Japon. Trois ans plus tard, force est de constater qu’il n’en est rien.

Déjà avant l’accident, le Premier Ministre japonais, M. Kan, ne cachait pas son manque d’enthousiasme pour cette énergie qui fournissait pourtant 30% de l’électricité de l’archipel. Mis en cause pour sa gestion de l’accident, il a cédé la place à M. Noda qui était au départ un peu plus bienveillant. C’est pourtant ce même M. Noda qui déclarait en septembre 2012 que le Japon devait se préparer « à la réalisation dans les plus brefs délais d’une société indépendante du nucléaire ».

Le dernier acte est tout récent,  le gouvernement conservateur de Shinzo Abe a adopté ce vendredi 11 avril un nouveau plan énergétique qui confirme notamment que le nucléaire doit redevenir « une ressource de base importante » pour le mix électrique du pays. Enterrant le « zéro nucléaire » de ses prédécesseurs, le conseil des ministres a entériné le fait qu’une partie des 48 réacteurs à l’arrêt dans l’archipel pourrait redémarrer prochainement et que des constructions neuves pourraient être envisagées. On s’attend à ce que les deux réacteurs de Sendai (île de Kyushiu) redémarrent cet été et que les 17 réacteurs qui ont aujourd’hui complété leur dossier auprès de la nouvelle Autorité de Sûreté japonaise seront opérationnels avant fin 2015.

Ce plan confirme aussi un développement fort des énergies renouvelables, mais aussi un retour au charbon (cohérent avec l’abandon des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre).  Depuis l’arrêt des réacteurs nucléaires consécutif à la catastrophe de Fukushima, la dépendance du Japon au pétrole, au charbon et au gaz a atteint des sommets : plus de 92,5% de l’énergie primaire du Japon provient de ressources fossiles.

Les faits sont têtus ! Les électriciens japonais sont exsangues et le coût des importations de gaz et de pétrole pèse lourdement sur l’économie japonaise.

Publié par Bertrand Barré, Professeur émérite, INSTN