La centrale de Zaporijia est désormais en situation d’arrêt à froid
Après le raccordement de la centrale de Zaporijia au réseau électrique ukrainien, suite à une coupure temporaire, les opérateurs ukrainiens ont mis à l’arrêt le dernier réacteur en fonctionnement. Désormais les six unités de la plus grande centrale nucléaire d’Europe sont en situation d’arrêt à froid. Le site doit toutefois toujours être alimenté en énergie pour assurer le refroidissement.
Ces dernières semaines, la situation n’a fait que se tendre autour de la centrale de Zaporijia en Ukraine, occupée par les forces russes depuis le début du conflit. Malgré l’arrivée d’experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur place et la demande d’une zone de sureté autour de la centrale, les frappes à proximité du site ont continué. La centrale s’est retrouvée temporairement isolée du réseau électrique national et une opération d’ilotage a été réalisée : le réacteur n°6 était le seul en fonctionnement et alimentait l’ensemble du site en énergie.
Toutefois, cette situation ne peut être pérenne, a alerté le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, lors d’une conférence de presse le lundi 12 septembre. « Faire fonctionner un réacteur à faible puissance n’est pas une solution durable sur une plus longue période, car cela pourrait à terme endommager des équipements de la centrale nucléaire, comme les turbines », a-t-il précisé.
Arrêt à froid
Aussi, le rétablissement de deux lignes à haute tension de la centrale – une ligne de 750 kV et une ligne de réserve de 330 kV avec la centrale à charbon à voisine – a permis aux opérateurs de la centrale de mettre le dernier réacteur actif à l’arrêt. Il est désormais en situation d’arrêt à froid, à l’instar des cinq autres unités. Cela signifie que sa température a été abaissée à quelques dizaines de degrés et que sa pression est celle de la pression atmosphérique (contre plus de 300°C et 150 bars en fonctionnement). L’Agence internationale de l’énergie atomique, qui a toujours deux experts sur site depuis sa visite début septembre, assure que cette décision de mise à l’arrêt a été décidée par les exploitants ukrainiens et non par les forces russes.
Désormais les besoins énergétiques de la centrale sont extrêmement faibles et sont assurés par le réseau électrique national. En cas de nouvelle coupure, la centrale pourra s’appuyer sur les vingt générateurs diesel de secours (trois par réacteur, plus deux de secours). Chaque diesel est capable d’alimenter en énergie un réacteur. Rafael grossi rappelle toutefois qu’il s’agit de la dernière ligne de défense de la centrale. Même si ceux-ci peuvent tenir en autonomie sur une très longue période, et d’autant plus s’ils sont alimentés en carburant.
« Une zone de sûreté et de sécurité nucléaires est nécessaire de toute urgence et j’ai entamé des consultations initiales avec les parties concernées », rappelle toutefois Rafael Grossi dans une déclaration au Conseil des gouverneurs de l’AIEA. ■