Le gouvernement allemand se pose (enfin) sérieusement la question de prolonger ses réacteurs - Sfen

Le gouvernement allemand se pose (enfin) sérieusement la question de prolonger ses réacteurs

Publié le 25 août 2022

Alors que la loi allemande prévoit la fin des réacteurs nucléaires à la fin de cette année, la crise énergétique qui touche l’Allemagne pourrait rebattre les cartes. Le chancelier évoque désormais la prolongation des trois unités restantes.

Suite à l’accident de Fukushima en 2011, la chancelière de l’époque Angela Merkel a initié un programme de fermeture des centrales nucléaires allemandes. Cette politique a tenu jusqu’à cette année, et les trois derniers réacteurs du pays devaient fermer le 31 décembre 2022. Mais la crise du gaz risque de changer les plans outre-Rhin. Face aux risques sur la sécurité d’approvisionnement du pays, le Chancelier Olaf Scholz ouvre désormais la voie au maintien de l’exploitation des centrales nucléaires. Il déclarait début août qu’il pourrait « être pertinent » de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales nucléaires en activité. C’est une doctrine de 10 ans qui est remise en cause.

En réponse, les opérateurs des centrales nucléaires se sont dits prêts à la discussion sur le sujet, mais poussent le gouvernement à prendre une décision rapidement. Selon eux, le combustible ne permettrait de tenir que quelques semaines supplémentaires en 2023. Pour prolonger les réacteurs au-delà de fin 2022, il faut être prêt pour alimenter les unités en uranium, en matériels de maintenance et que le personnel soit disponible.

La décision semble suspendue au résultat d’une étude sur la sécurité d’approvisionnement électrique attendue pour la fin du mois. Elle fera sans doute office de juge de paix entre les différents courants politiques de la majorité.

Une opinion publique favorable

Alors que 70 % de l’opinion allemande est désormais en faveur de l’extension de la durée de vie des centrales. La coalition au pouvoir – SPD (socialiste), le FDP (Parti libéral-démocrate) et les écologistes – est divisée sur ce sujet. Le 21 août dernier, Robert Habeck, ministre de l’Économie allemand et membre de l’Alliance 90/Les Verts (un parti politique écologiste qui a des racines dans le mouvement antinucléaire des années 70/80) excluait de prolonger la durée de vie des réacteurs. Christian Lindner, ministre des Finances allemand, membre du FDP, y est plutôt favorable. Il pousse à prolonger l’exploitation « pour quelques années », notamment en raison de leur production d’électricité décarbonée.

Une majorité gouvernementale divisée 

Alors que 70 % de l’opinion allemande est en faveur de l’extension de la durée de vie des centrales. La coalition au pouvoir – SPD (socialiste), le FDP (Parti libéral-démocrate) et les écologistes – est divisée sur ce sujet. Le 21 août dernier, Robert Habeck, ministre de l’Économie allemand et membre de l’Alliance 90/Les Verts (un parti politique écologiste qui a des racines dans le mouvement antinucléaire des années 70/80) excluait de prolonger la durée de vie des trois dernières centrales nucléaires. Christian Lindner, ministre des finances allemand, membre du FDP et plutôt favorable à la prolongation du parc, a déclaré être en faveur de la poursuite de l’exploitation des réacteurs nucléaires « pour quelques années » notamment en raison de leur production d’électricité décarbonée.

En attendant toute décision, le gouvernement incite ses citoyens à réduire leur consommation et va imposer une taxe sur l’utilisation du gaz. Mais certains territoires sont particulièrement sensibles à cette crise. La Bavière qui dépend fortement de centrales à gaz et de la centrale nucléaire Isar 2 est pauvre en énergies de substitution. Alors que l’hiver approche, c’est l’ensemble de la sécurité d’approvisionnement de ce land qui semble menacée. ■

Par Thomas Jaquemet (Sfen)
Photo : Réacteur nucléaire d’Isar 2 – ©ALEXANDRA BEIER / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP