Les investisseurs se ruent sur la fusion nucléaire
La Fusion Industry Association a réalisé une enquête sur les acteurs de la fusion nucléaire dans le monde en 2022. L’engouement des investisseurs y apparaît de façon saillante, en particulier aux USA, alors que 93 % des acteurs pensent pouvoir être prêt d’ici à 2035.
D’après une étude faisant l’état des lieux de l’écosystème de la fusion nucléaire dans le monde, publiée par la ‘Fusion Industry Association’ (FIA), les 33 acteurs privés du secteur ont attiré sur la seule année 2022, 2,8 milliards de dollars d’investissements privés, portant le total à 4,7 milliards de dollars. Par rapport à l’année 2021, cela représente une augmentation de 139 %. À cela s’ajoute 117 millions de dollars en subventions et aides d’états, portant le total à près de cinq milliards de dollars – à comparer au coût du projet international d’ITER – réévalué à 21 Mds$ – et la contribution directe de la France d’1,2 Mds€ (2017).
Les entreprises anglo-saxonnes dominent largement le marché. Sur les 33 entreprises recensées, 21 sont américaines et 3 britanniques (sans oublier une canadienne et une australienne également). La seule entreprise française présente dans le rapport est Renaissance Fusion, qui avait présenté son projet basé sur le ‘stellarator’ (une technique spécifique de confinement magnétique du plasma) lors de la série webinaire Sfen dédiée aux start-up du nucléaire.
Le tournant de la décennie 2030
Parmi les acteurs répondants à l’enquête menée par la FIA, sur 27 réponses reçues des entreprises, 12 s’attendent à ce que la compétitivité économique de la fusion soit acquise entre 2031 et 2035. Une plus grande majorité relative encore (14 répondants) s’attendent à ce que les premiers électrons produit par fusion nucléaire soient injectés dans le réseau électrique entre 2031 et 2035 [1].
C’est d’ailleurs principalement à la production d’électricité que s’adresse les projets de fusion, si l’on en croit les réponses des acteurs à la cible marché. Côté technique, l’approche privilégiée, pour confiner le plasma aux conditions de température et de pression nécessaire à la réaction de fusion, est celle du confinement magnétique (15 entreprises), suivie par le confinement inertiel (8) et magnéto-inertiel (7). ■
[1] Bien sûr, ces déclarations sont à prendre avec des pincettes, par principe déjà, mais aussi vu l’inclination évidente (le biais) des porteurs des projets à ce que ces derniers réussissent. Ce qui n’enlève rien à l’engouement scientifique et industriel qui agite l’écosystème fusion nucléaire.