La stratégie de traitement et de recyclage des combustibles nucléaires prolongée au moins jusqu’en 2100
Alors que la France lance un nouveau programme électronucléaire, la question du cycle du combustible ne doit pas être oublié. En déplacement à La Hague, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé la prolongation de l’usine du Cotentin et des le lancement d’étude sur de futures installations industrielles.
Le dernier Conseil de politique nucléaire (CPN) du 26 février dernier s’était limité à une communication officielle réduite au minimum. Seules quelques fuites dans la presse avaient permis d’apprendre que des investissements importants allaient être faits sur l’usine Orano La Hague. Mais une dizaine de jours plus tard, le jeudi 7 mars, le ministre de l’Économie Bruno le Maire et le ministre de l’Industrie Roland Lescure se sont rendus sur le site industriel d’Orano dans le Cotentin.
Après avoir vanté l’importance de l’indépendance industrielle et de la souveraineté française, Bruno Le Maire l’assure : « Le temps des grands projets industriels est revenu. Et le nucléaire occupera une place centrale ». Cela passera par une série d’investissements importants à La Hague avec d’ores et déjà trois annonces :
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- un programme de pérennité/résilience prolongeant les usines d’Orano La Hague (Manche) et de Melox (Gard) au-delà de 2040 ;
- le lancement des études pour une nouvelle usine de fabrication de combustibles MOX sur le site de La Hague ;
- le lancement des études pour une nouvelle usine de traitement des combustibles usés, également sur le site de La Hague d’ici 2045/2050.
Dans la lignée de Belfort
La prolongation de l’usine du cycle de La Hague au-delà de 2040, soumise à l’aval de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), « ira jusqu’à minima 2100, les EPR2 ayant une durée de vie [au moins, ndr] de 60 ans », assure Bercy dans un communiqué. « La force du nucléaire français avec la maîtrise de l’ensemble du cycle », est un atout pour la France assure Bruno Le Maire. Après l’annonce de Belfort en 2021 par le président de la République avec l’annonce de la prolongation des réacteurs nucléaires existants et la construction de 6 à 14 EPR2, la France fait le choix de confirmer sa stratégie de recyclage du combustible au moins à l’horizon de la fin du siècle.
Dans un communiqué Orano rappelle que « Le traitement-recyclage est la solution la plus sûre à long terme pour les déchets nucléaires ultimes. En France, 10 % de l’électricité nucléaire est produite grâce au recyclage de matières valorisables sous forme de combustibles MOX (Mixed Oxide). Ce taux peut atteindre 25 % et près de 40 % avec le multi-recyclage des combustibles MOX usés ».
Nicolas Maes Directeur général d’Orano réagit : « Je me réjouis de ces annonces qui confirment les grandes orientations de la politique française sur l’aval du cycle du combustible nucléaire et qui prévoient des investissements importants pour le site d’Orano La Hague ». Dans un entretien avec quelques journalistes, Bruno Le Maire explique que « les éléments de chiffrages sont en cours (…) », mais qu’ils ne seront pas communiqués tant « que les études sur les méthodes de financements et le partage des coûts ne seront finalisées ». ■