Le nucléaire reste l’énergie la plus compétitive
Alors que la Cour des comptes a publié en mai 2014 son second rapport sur les coûts du nucléaire, Yves Giraud, Directeur économie de la production et stratégie industrielle d’EDF en décrypte les points clés.
Que doit-on retenir du nouveau rapport de la Cour des comptes sur les coûts du nucléaire ?
Le rapport de la Cour des comptes donne deux informations principales sur les coûts. Premièrement, le coût réalisé et deuxièmement un coût prévisionnel.
Le coût réalisé est de 59,8 euros du mégawatheure. La hausse est forte, de l’ordre de 20% sur trois ans. Je précise que ce coût est calculé sur 40 ans et que si les centrales nucléaires sont exploitées au-delà, ce coût va se stabiliser aux alentours de 55€/MWh. Ce qui fait du nucléaire le moyen le plus compétitif pour produire de l’électricité.
Dans tous les cas, il s’agit d’un coût économique complet qui comprend l’investissement initial, l’exploitation, la maintenance, les investissements nécessaires à la prolongation du parc, ainsi que les coûts de déconstruction et de stockage définitif des déchets.
Pour quelles raisons le coût de production électronucléaire augmente-t-il ?
Cette hausse n’est pas une surprise. Elle était annoncée par la Cour des comptes dans son rapport précédent de janvier 2012 et était anticipée par EDF. Cette hausse s’explique pour l’essentiel par les investissements qui ont doublé depuis trois ans. En effet, pour rénover son parc, améliorer sa sûreté et rendre possible la prolongation de l’exploitation des centrales nucléaires au-delà de 40 ans, EDF réalise des investissements lourds comme le remplacement des générateurs de vapeur.
Par ailleurs, EDF, comme l’ensemble de la filière nucléaire française, a investi dans les hommes et les femmes. EDF a ainsi recruté 6 600 personnes depuis 3 ans dans le nucléaire notamment, pour anticiper les départs à la retraite. Plus largement, l’ensemble de la filière nucléaire française prévoit d’embaucher 110 000 personnes d’ici 2020, ce qui constitue une formidable opportunité pour la troisième filière industrielle de France.
Enfin, il faut rappeler que le nucléaire contribue à la richesse nationale du pays avec les impôts et les taxes. D’ailleurs, une partie de la hausse des coûts de production nucléaire vient d’une augmentation des impôts et taxes qui ont crû de 28% sur les trois dernières années. A ceci, il faut ajouter le fait qu’EDF a versé depuis trois ans à l’Etat des dividendes de l’ordre de 2 milliards d’euros par an et contribué à hauteur de 1,5 milliards d’euros en impôt sur les sociétés.
Quel est l’impact sur la facture d’électricité des ménages ?
L’impact sur la facture des ménages est limité.
D’abord, parce que depuis plusieurs années, les tarifs ne recouvrent pas tout à fait les investissements engagés par EDF.
Ensuite, parce que pour un ménage, la production d’électricité ne représente qu’un tiers du montant totale de la facture d’électricité. Les deux autres tiers étant les coûts liés au réseau électrique, puis ceux liés aux taxes comme la CSPE(1) qui permet le développement des énergies renouvelables.
Grâce au nucléaire, l’électricité en France est beaucoup moins chère qu’en Europe. Environ 30% moins chère que dans les autres pays européens et environ deux fois moins chère qu’en Allemagne. Partout en Europe, les prix de l’électricité augmentent.
Par exemple en Allemagne, où 62,4€/MWh sont alloués au soutien au développement des énergies renouvelables. Ce surcoût vient se rajouter au coût de la production classique. On voit bien que ce surcoût est en lui-même supérieur au coût du nucléaire.
Pour les années à venir, le nucléaire reste le moyen le plus compétitif pour produire de l’électricité et permet à la France d’avoir l’une des électricités les plus compétitives d’Europe.
(1) Contribution au service public de l’électricité