Le nucléaire contre la pollution de l’air - Sfen

Le nucléaire contre la pollution de l’air

Publié le 1 avril 2014 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Les pics de pollution atmosphérique comme celui que la France a connu au mois de mars seraient bien plus fréquents et auraient des conséquences sanitaires bien plus graves si le pays ne disposait pas d’un important parc nucléaire, dont l’une des caractéristiques est de préserver la qualité de l’air.

Ce constat d’évidence vient de recevoir une spectaculaire justification au plan international. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient en effet de publier une étude qui identifie et quantifie les dommages sur la santé dus à la pollution de l’atmosphère. Les chiffres sont spectaculaires : ils établissent que sur la seule année 2012, « plus de 7 millions de morts dans le monde sont attribuables aux effets de la pollution de l’air ». Commentant ce chiffre, le Dr Maria Neira, directrice du département de la santé publique à l’OMS ajoute que la pollution de l’air est désormais devenue « le facteur environnemental le plus important affectant la santé […] des pays riches aussi bien que des pays pauvres ».

Plus de 3 millions de tonnes de rejets évités

Les principaux facteurs de cette pollution sont les voitures, les centrales électriques thermiques,  les installations industrielles et équipements de chauffage ainsi que les installations intérieures alimentées au bois et aux déchets végétaux. Tous ces systèmes fonctionnant aux combustibles fossiles – charbon, pétrole et gaz – et à la biomasse émettent à l’atmosphère des polluants tels que les dioxydes d’azote et de soufre, les particules fines, le monoxyde de carbone, le benzène… Les principaux détriments sanitaires provoqués par ces émissions sont les cancers du poumon et les maladies cardio-vasculaires. En France, cette pollution a un coût humain et un coût financier : on estime à environ 42 000 le nombre de décès prématurés dus chaque année à cette pollution de l’atmosphère. Et, selon le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, le coût sanitaire s’élève entre 20 et 30 milliards d’euros par an.

Face à ce tableau inquiétant le nucléaire s’affirme comme une protection écologique efficace. Il « fonctionne » en effet comme un véritable réducteur de pollution par rapport aux énergies fossiles. En comparaison avec une centrale à charbon de 1 000 mégawatts, une centrale nucléaire de même puissance permet d’éviter le rejet, chaque année, d’environ 30 000 tonnes de dioxyde de soufre, 15 000 tonnes de dioxyde d’azote, et 1 200 tonnes de particules fines. Si l’on prend en compte l’ensemble des centrales nucléaires du parc français, celles-ci permettent d’éviter respectivement le rejet annuel de 2 millions de tonnes, 1 million de tonnes et 80 000 tonnes. 

Ces chiffres donnent la mesure de l’assainissement opéré depuis l’engagement du programme nucléaire dans les années 1970. Ils expliquent que la France soit devenue, avec la Suède, un des pays industrialisés où l’atmosphère est la moins polluée par la production d’énergie. Faute de cet assainissement, la concentration moyenne des polluants atmosphériques en France serait accrue d’autant, atteignant des niveaux particulièrement préoccupants et les alertes comme celle de ce mois de mars 2014 seraient beaucoup plus fréquentes car les « pics » de pollution seraient plus vite atteints. Une telle situation aurait pour première conséquence d’accroître les dommages sanitaires subis par les populations.

1,8 millions de décès évités

Combien d’affections respiratoires passagères, de maladies, de décès prématurés la réduction de cette pollution atmosphérique permet-elle d’éviter ? Une enquête, en pleine cohérence avec les évaluations de l’OMS, a été publiée sur ce thème par deux chercheurs américains dans la revue Environmental Science and Technology en juin 2013. Les auteurs de l’étude évaluent à 1,8 million le nombre de décès évités dans le monde grâce au nucléaire entre les années 1971 et 2009 – par comparaison avec les effets d’une pollution qui serait émise, à quantité égale d’électricité produite, par des centrales électrogènes aux combustibles fossiles. Sur la même période, ils calculent le nombre de décès évités en France à 290 000, soit environ 7 500 par an !

Quels que soient les modes de calcul retenus par les chercheurs – et les différentes évaluations pouvant en résulter – une conclusion apparait, qui n’est guère réfutable : en se substituant aux combustibles fossiles et à la biomasse l’énergie nucléaire s’affirme comme un atout pour garder l’atmosphère propre et réduire les impacts de la pollution de l’air sur la santé des personnes. En d’autres termes, au fur et à mesure de son développement en France et dans le monde, il contribue à diminuer le détriment sanitaire global subi par la population du fait de la production et de l’utilisation de l’énergie. Au moment de faire des choix de politique énergétique engageant le long terme, les décideurs ne devront pas manquer d’ajouter cette précieuse caractéristique dans la colonne « avantages » du dossier nucléaire.

Par Boris Le Ngoc (SFEN)