Premier rechargement pour la centrale flottante russe Akademik Lomonosov - Sfen

Premier rechargement pour la centrale flottante russe Akademik Lomonosov

Après plus de trois ans d’opération, la centrale flottante russe « Akademik Lomonosov » se prépare pour son premier rechargement de combustible. Cette dernière a récemment été livrée par TVEL à bord du Smp Arkhangelsk.

Amarrée aux abords de la ville de Pevek, dans la région de Tchoukotka dans l’arctique oriental russe, l’Akademik Lomonosov s’apprête à effectuer son tout premier rechargement de combustible depuis sa mise en service en décembre 2019. La barge flottante de 144m de long sur 30m de large, équipée de deux réacteurs à eau pressurisée KLT-40S d’une puissance de 35MWe chacun, vient de recevoir le combustible neuf – du dioxyde d’uranium enrichi entre 14 et 20 % – destiné à remplacer l’ensemble des assemblages de l’un des réacteurs.

Pour limiter la fréquence d’interruption des réacteurs et favoriser l’autonomie de l’installation, le programme de rechargement retenu pour l’Akademik Lomonosov consiste à remplacer l’intégralité du combustible des réacteurs tous les trois ans, plutôt que d’effectuer des rechargements par quart ou tiers de cœur tous les 12 à 18 mois (méthode en vigueur dans les réacteurs français).

Entreposage sur place

Un compartiment dédié à la gestion du combustible présent directement sur la barge incorpore des espaces d’entreposages pour le combustible neuf et irradié, en bassin et à sec, ainsi que pour des déchets nucléaires liquides et solides. Le combustible usé y sera stocké jusqu’à la prochaine opération de maintenance à quai, à Murmansk, prévue tous les 12 ans. Le second réacteur sera, quant à lui, rechargé dans le courant de l’année 2024, après reprise du fonctionnement du premier. Cela permet de garantir la continuité de la production d’énergie de l’installation.

Certains observateurs s’inquiètent que la matière fournie par TVEL – filiale de Rosatom spécialisée dans le combustible – ait été livrée à bord du Smp Arkhangelsk, un navire cargo classique non spécialisé dans le transport de matière nucléaire. En effet, l’historique des violations – mineures – relevées au cours des années concernant certains systèmes de sûreté, anti-incendie, ou auxiliaires, semble trahir un navire à risque d’incidents. Cela étant, le combustible est bien parvenu à destination, et les opérations en vue du rechargement se poursuivent. ■

Par Hippolyte Boutin (Sfen)

Image : l’Akademik Momonosov lors de son transit en 2019 – ©Rosatom