Les provisions démantèlement des exploitants sont suffisantes - Sfen

Les provisions démantèlement des exploitants sont suffisantes

Publié le 31 août 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Selon un audit commandé par le Ministère de l’Économie et de l’Énergie Allemand, les provisions des énergéticiens – RWE, EON, Vattenfall, EnBW – pour financer le démantèlement des centrales et la gestion des déchets nucléaires sont suffisantes. Arrivée à échéance en Allemagne, la question du montant des provisions pourrait émerger dans d’autres pays « nucléarisés » comme la France.

En 2011, l’accident de Fukushima Daiichi pousse le gouvernement allemand à engager sa transition énergétique (« Energiewende »), dont la mesure phare est la sortie progressive du nucléaire d’ici 2022. La loi indique qu’il appartient aux exploitants de supporter les coûts de la sortie du nucléaire. Soucieux que le contribuable ne soit pas la variable d’ajustement permettant de financer les opérations de démantèlement et la gestion des déchets nucléaires, le gouvernement a commandé un audit pour évaluer avec précision les provisions des énergéticiens.

38,3 milliards d’euros provisionnés

L’audit réalisé par le cabinet Warth & Klein Grant Thornton a estimé que les 38,3 milliards d’euros, présentés dans les bilans des énergéticiens fin 2014, étaient suffisants pour couvrir les opérations de démantèlement et le traitement des déchets. Le cabinet d’audit a identifié cinq postes de dépense : la mise à l’arrêt et le démantèlement des 23 réacteurs nucléaires (9,7 Mds €), le conditionnement et le transport des assemblages irradiés et des déchets radioactifs (9,9 Mds €), le stockage des déchets radioactifs (5,8 Mds €) et enfin la mise à disposition de centres de stockage définitif pour les déchets à faible et moyenne activité (3,75Mds €) et ceux à haute activité et à vie longue (8,3 Mds €).

En moyenne, Warth & Klein Grant Thornton estime que le démantèlement de chaque réacteur coûtera 857 millions d’euros (un montant supérieur aux standards internationaux) et qu’il est possible d’optimiser le coût global de l’ordre de 6 Mds €.

Le cabinet d’audit a évalué les provisions nécessaires selon différents scénarios et a établi un éventail allant de 25 à 77 Mds d’euros. Même dans le cas, hautement improbable, où 40 Mds € manqueraient pour financer les opérations, les actifs combinés des énergéticiens en Allemagne couvriraient le coût du démantèlement des sites nucléaires et la gestion des déchets radioactifs.

Les prochaines étapes

Le gouvernement allemand va maintenant mettre en place un comité pour évaluer les résultats de l’audit et assurer le suivi du financement de la sortie du nucléaire. Parallèlement, une loi veillera à ce que les opérateurs nucléaires financent bien le démantèlement de leurs réacteurs, même en cas de changement de propriétaire, et ne fassent pas reposer ces coûts sur les contribuables. Actuellement, huit réacteurs représentant une puissance installée brute de 11,4 GW sont encore en exploitation outre-Rhin. Le cas allemand sera certainement un laboratoire pour les échéances françaises futures sur la question du montant des provisions.

Centrale nucléaire en déconstruction de Mülheim Kärlich (Allemagne)