Royaume-Uni : un programme nucléaire « massif »
Le Royaume-Uni développe actuellement le programme nucléaire le plus important d’Europe. Pour Cyril Pinel, conseiller nucléaire à l’Ambassade de France à Londres, ce contexte doit permettre de renforcer la collaboration franco-britannique dans le nucléaire : de la construction de nouvelles capacités à la recherche en passant par la gestion de l’important stocks britanniques de plutonium de retraitement. Pour en savoir plus sur le partenariat franco-britannique, rendez-vous le 5 mars à la Maison de la Chimie.
De quand date la coopération franco-britannique dans le domaine de l’énergie nucléaire ?
Cyril Pinel – La France et le Royaume-Uni ont en commun d’être deux acteurs historiques du nucléaire dans le monde.
Ils ont développé des programmes qui, par bien des aspects, se ressemblent. Au-delà de la production d’électricité nucléaire, le Royaume-Uni avait aussi développé la technologie du recyclage des combustibles usés, une technologie dans laquelle la France est très active.
Outre-Manche, l’arrivée du pétrole et du gaz de mer du Nord interrompt le développement du nucléaire entre 1995 et 2004. Ce fut une parenthèse dans l’histoire du nucléaire britannique, puisque, dès 2011, le pays s’est à nouveau tourné vers le nucléaire pour faire face à l’impérieuse nécessité de lutter contre le changement climatique. Cet engagement s’est traduit par une loi, l’« Electricity Market Reform », qui reconnaît le nucléaire comme une énergie bas-carbone qui devra contribuer « de manière significative » à la réduction des émissions de CO2, aux côtés des énergies renouvelables.
Le pays engage désormais un programme nucléaire massif et projette de construire environ 16 GWe de capacité nucléaire, soit l’équivalent d’une dizaine de réacteurs.
Sur quels projets les entreprises françaises travaillent-elles au Royaume-Uni ?
CP – Le marché nucléaire britannique est une formidable opportunité pour toutes les entreprises. Plusieurs projets sont sur la table : Horizon (Hitachi), Nugen (GDF Suez et Westinghouse), et surtout Hinkley Point C (ou « HPC ») pour la construction par EDF Energy de deux réacteurs EPR d’AREVA.
A ce stade, HPC est le projet le plus avancé car il a déjà obtenu la qualification du design de son réacteur de la part des autorités britanniques.
En 2008, en rachetant British Energy, l’énergéticien français EDF est devenu le premier exploitant électronucléaire du Royaume-Uni. Ce rachat est une étape essentielle, qui constitue aujourd’hui le pilier de la coopération franco-britannique dans le domaine nucléaire.
Cette coopération va au-delà de la construction de nouveaux réacteurs et couvre d’autres domaines comme la recherche avec le réacteur Jules Horowitz, ou, peut-être, la gestion du stock de plutonium britannique de retraitement.
Au Royaume-Uni, le nucléaire est-il une énergie d’avenir ?
CP – Non seulement, le nucléaire est une énergie d’avenir mais c’est une énergie incontournable.
Au-delà de la question climatique, le pays – qui doit faire face à la diminution de ses ressources fossiles en mer du Nord – doit assurer sa sécurité d’approvisionnement.
Ainsi, le nucléaire bénéficie d’un important soutien de la part des citoyens (45 % d’opinion favorable et 20% d’opinion défavorable) et son développement fait l’objet d’un consensus politique des principaux partis de gouvernement : Tories, Labour et LibDem.