Sendai 1 : symbole du retour de l’atome - Sfen

Sendai 1 : symbole du retour de l’atome

Publié le 30 juin 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Face à l’envolée des prix de l’électricité et pour tenir ses objectifs climatiques, le Japon redémarre son premier réacteur : Sendai 1. Quatre ans après Fukushima, l’industrie nucléaire japonaise s’est transformée : l’autorité de sûreté (NRA) est devenue indépendante, les exigences de sûreté ont été rehaussées et les industriels accordent plus de place à la communication et au dialogue avec les populations.

Située dans le sud-ouest de l’Archipel, la centrale de Sendai est composée de deux réacteurs à eau pressurisée de 890 MWe. Avant Fukushima, son exploitant, Kyushu EPCO, projetait d’y ajouter un réacteur APWR de 1 538 MWe. Après un premier examen par la NRA en juillet 2013, le dossier de redémarrage de la centrale a été complété par l’électricien, qui a reçu, un an plus tard, l’autorisation d’engager les travaux pour se conformer aux nouveaux critères de sûreté. De nombreux aménagements techniques, organisationnels et humains ont été effectués. L’équipe de nuit est ainsi passée de 12 à 52 techniciens et ingénieurs. Parallèlement, en octobre 2014, les populations et les élus locaux ont été consultés et ont soutenu le redémarrage de la centrale. Début juillet 2015, les inspections pré-démarrage terminées, 157 assemblages de combustible ont été chargés dans le réacteur n° 1.

Les aspects techniques du redémarrage

Sendai 1 a été redémarré dans la nuit du 10 août. Il a fallu une douzaine d’heures pour démarrer la réaction en chaîne, et le réacteur a commencé à produire de l’électricité le 14 août. Le 20 août, alors qu’il fonctionnait à 75 % de sa capacité, une alarme de dérèglement de la conductivité électrique de la sortie du condenseur du circuit secondaire a retenti. Après enquête, il est apparu qu’une petite quantité d’eau de mer s’était mélangée à l’eau du condenseur. « Celle-ci a été évacuée par le désalinisateur du condenseur, mais pour assurer une sûreté totale des opérations, l’augmentation de la capacité prévue a été repoussée, afin de procéder à des examens poussés » a affirmé Kyushu EPCO. Le cycle d’exploitation « normal » permettra à terme de produire 6 000 GWh d’électricité pour alimenter près de 785 000 Japonais.

Sûreté : le risque volcanique

La centrale de Sendai est située à 60 km du Mont Sakurajima, un volcan actif dont l’éruption la plus violente remonte à 30 000 ans. Les volcanologues estiment que le risque d’énorme éruption est très faible, et les dispositifs qui surveillent l’activité du -volcan sont capables de prévoir une -éruption 10 ans à l’avance. La NRA a donc considéré qu’il y avait suffisamment de temps pour arrêter le réacteur et mettre le combustible nucléaire à l’abri si nécessaire. Les communes situées dans un rayon de 30 km autour de la centrale ont toutes établi un plan d’évacuation d’urgence et des travaux d’élargissement des routes sont en cours pour renforcer la capacité d’évacuation.

22 % de nucléaire dans 3 ans

Le Japon, 6e plus gros pollueur du monde, souhaite réduire ses émissions de CO2 de 26 % d’ici à 2030. Pour y parvenir, l’énergie nucléaire devra fournir 20 à 22 % de l’électricité. Selon Christophe Xerri, attaché nucléaire à l’Ambassade de France à Tokyo, « ce niveau pourrait être atteint d’ici 3 à 5 ans. Cela implique une mise en ligne d’un réacteur tous les deux à trois mois ». 

 

Par la Rédaction